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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 18 septembre 2009

Boire seul at home

Boire seul chez soi un vendredi soir alors que tout le monde sort et s'amuse, oui, il y a quelque chose de triste là-dedans. C'est toujours ça que je me dis, mais finalement, à chaque fois, je ne m'emmerde pas trop. Je mets de la musique, et allez hop! on enfile les bières, et on rit, et on a de l'inspiration, et les mots défilent, et j'écris des textes alors que tout le monde est sorti et que personne ne me lit. Ma sortie à moi c'est mon blog, ma bière, ma musique.

Ça me donne les blues de ne pas avoir de feedback le vendredi soir, mais je ne suis plus sur les réseaux comme Facebook ou MySpace où je pouvais souvent trouver quelqu'un pour jaser, et aussi tomber dans des discussions pas rapport, et je dois avouer que je peux amplement me passer de ces réseaux merdiques, le feedback ou la communication ne comptent pas à ce point. Je préfère me parler à moi-même, ou à une brique, ou encore à ma chatte. Et j'oubliais : je peux aussi parler à ma plante.

Personne ne s'intéresse jamais à ce que je fais, à mes projets, etc. Il semble que je vis sur une autre planète. Je me sens vraiment abandonné des fois, mais en vieillissant, ça passe ces choses-là. J'ai été abandonné toute ma câlisse de vie, alors, cossé ça change? En partant déjà, assez jeune, on m'a dit que ce que j'aimais le plus, la philosophie, c'était de la merde, et que je n'irais jamais nulle part dans la vie avec ça. J'étais un loser en partant parce que j'osais vouloir me consacrer à ce qui était «moi». Je n'ai jamais eu d'estime de la part de personne, et je crois que si j'avais été un tas de merde j'aurais eu plus d'estime, car j'aurais servi au moins à faire du fumier. Finalement, la raison profonde du mépris à mon endroit c'est que je n'étais «bon à rien», j'étais inexploitable, comme l'arbre tordu du Tao planté au milieu du néant. Une chance que très tôt déjà j'avais lu les taoïstes.

Je me fous de tout. Je veux juste lire, écrire, pas avoir mal, et sentir que mon cerveau fonctionne. Des fois aussi, avoir une personne dans ma vie qui m'aime, ça m'aide beaucoup. Je ne suis pas fait en bois, et je suis un homme très tendre qui aime la douceur et le romantisme, même si dans la vie quotidienne je me rapproche plus du «bûcheron» que du «prince charmant». Je n'ai pas la prétention d'être un grand ci ou un grand ça. Tout ce qui m'intéresse, et ça c'est une pulsion insatiable, c'est d'apprendre de nouvelles choses. De découvrir de nouvelles choses, d'ouvrir mon esprit sur d'autres horizons. Je suis comme ça, je n'y peux rien. Je suis un esclave de la connaissance. Vivre pauvre ne me dérange pas vraiment. Je n'aurai jamais d'auto, ça c'est clair, à moins de gagner à la loto, et ce sera une Lamborghini. J'ai un peu d'amour, de bons livres, un abonnement à vie à l'université, et je suis heureux.

Je pourrais presque dire que j'ai zéro ambition, au sens de devenir célèbre, ou d'occuper un poste de commandement quelconque ou encore, de faire beaucoup d'argent, de rouler en voiture de luxe et d'embarquer des plottes à cash sur Crescent. J'ai appris à mettre une croix sur tous ces désirs, ces besoins «essentiels», car ayant eu le jackpot très jeune, j'ai réalisé qu'on s'écoeurait même du «meilleur». Un Grec a dit : «On se lasse de tout, même du sublime». On ne me croira pas, mais c'est ben trop vrai. Je l'ai réalisé à ma grande stupéfaction. J'étais un ado morveux et j'avais une femme dans la vingtaine au corps parfait, belle, cochonne; j'étais en amour par-dessus la tête. Eh bien, on a tellement fait l'amour qu'à un certain moment, c'est venu naturellement : je l'ai offert à mon meilleur ami. Je lui ai dit «Prends-la, elle est à toi, je te la donne». Le con, il a refusé. Il ne saura jamais qu'il a manqué le blowjob de sa vie.

En effet, je pourrais presque dire que j'ai zéro ambition, mais ce n'est pas vrai. Je ne me connais jamais assez, et j'en découvre à tous les jours; ce que je «suis» n'est pas fixé dans le béton une fois pour toutes, être «vivant» implique que l'on change. Souvent, je m'imagine en train de me sacrifier pour cette belle société d'enculés qui ne me donne jamais qu'un paquet de problèmes dans la vie, en plus de s'amuser joyeusement à me mettre des bâtons dans les roues à la moindre occasion. Je ne sais pas pourquoi j'ai encore cette impulsion altruiste en moi, après qu'on m'ait fait comprendre pourtant clairement et distinctement à plusieurs reprises au fil des années que la meilleure chose à faire pour moi était de disparaître, de mourir, de me suicider. Je veux encore aider les gens, rendre service, contribuer à l'avancement de la société, éduquer les jeunes. J'aime encore cette humanité qui me passe dessus avec son rouleau compresseur. C'est incroyable n'est-ce pas? En tout cas, ça doit prendre une bonne dose de naïveté! Bon, je me prends un autre verre et on trinque au success. Demain, je serai à Beverly Hills, et on me déroulera un tapis, etc.

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