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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 6 septembre 2009

Douleur, emporte-moi

«Think positive, my man» : pauvre con. La culpabilité me saute à la gorge, j'ai juste envie de noyer tout ça dans l'alcool, et ça revient au même, je redeviens méchant, parce que je souffre. On dirait que la vie, y faut passer par-dessus en sauvage, ne pas trop la regarder, ne pas trop s'y attacher, ne pas trop aimer, remplir ses obligations envers l'Espèce et s'en aller gentiment, ou au plus crisse, selon les circonstances. L'amour rend mou, il paraît.

On dirait que les saloperies qu'on a faites aux autres personnes, aux animaux, ne partent pas avec le temps, rien ne s'efface; inversement, nos blessures ne guérissent pas vraiment. Elles reviennent ouvertes, béantes, suppurantes, par à-coups. Tout à l'heure dans le bus, ça m'est remonté, toute la merde; j'avais la fenêtre ouverte, il y avait beaucoup de monde, je braillais dans le vent, ça paraissait moins; j'avais un poignard dans le ventre, j'étais enfermé dans une cage, j'étouffais. Bien sûr, je suis un tough, un gros bonhomme de 250lb, je dois faire preuve de courage et tout prendre sur moi. Je ne suis pas censé avoir d'émotions.

On dirait que rien ne disparaît vraiment, rien n'est vraiment oublié. Il se forme des plis, un empilage, un blocage émotionnel pour se protéger, et parfois tout ça débloque d'un coup, les plis se déplient. Je me réconforte en me répétant une phrase que j'ai entendue, que «peu importe ce que je ferais, je finirais par le regretter». Mais ça ne change pas grand-chose à l'affaire. J'ai juste coupé la musique qui avait tout déclenché, j'ai mis du métal pour bien rebloquer le trou, et ça a marché.

Arrivé chez moi, je me suis acheté de la bière pour me calmer. Il m'arrive de croire que toute cette mauvaise conscience est factice, je ne sais pas quoi en penser, et le pire c'est que je crois qu'elle ne m'empêcherait pas de refaire le mal, car je ne le ferais seulement que d'une autre façon. C'est pourquoi j'ai pensé dans le bus qu'«il vaut peut-être mieux ne pas trop s'attacher à la vie», et que nous ne sommes «que de passage», pour quelle aventure? Pas de réponse.

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