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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 11 septembre 2009

Plaies ouvertes

Je ne suis que plaies ouvertes. J'étais à l'arrêt de bus après le boulot, et ça montait en moi, j'avais envie de pleurer; sur le beat de la musique trance, car j'avais besoin d'une musique légère et non de gros métal, la bonne humeur m'est revenue, souriante, mais acide, et puis, sur le seuil de ma porte, j'avais à nouveau envie de pleurer. J'ai été m'acheter de la bière pour tamponner tout ça. L'existence fuyait de toutes parts.

La bière fait revenir la bonne humeur. Ça marche presque toujours. En fait, c'est le meilleur médicament pour faire disparaître la douleur physique, et j'ai une douleur au milieu du dos qui me tenaille depuis plusieurs jours sans arrêt. On pensera ce qu'on voudra, mais une douleur physique constante finira par rendre fou n'importe qui. Il y a un point, un seuil, au-delà duquel même un nihiliste commence à prier Dieu pour que ça cesse. Cette douleur abominable réussit à briser mes résistances mentales et à me démolir intérieurement. Je ne sais plus quoi faire, car je combats mon mal, mais j'en créé un autre, mille autres en fait.

Je ne sais même plus ce que j'écris, je perds la conscience de la réalité. Je bois, je bois, je bois; je dois boire un six pack et plus par jour. Je suis tellement habitué à l'alcool, que ça me fait toujours un certain buzz, mais qui ne se remarque pas, et de plus, ce qui est étrange, je ne sens même pas l'alcool. Ma blonde ne sait jamais quand je viens de caler une dizaine de bières, car je ne montre aucun signe physique d'ivresse. Par contre, mon mental est plus «stimulé», je suis plus joyeux et je me mesure contre des maîtres aux échecs en blitz sans aucune trace de nervosité, et je gagne. J'adore ce jeu qui est un grand refuge pour moi lorsque je souffre.

Ce n'est jamais une bonne chose lorsque je me mets à parler de mes «relations» familiales avec d'autres personnes qui me questionnent sur le sujet, qui veulent en apprendre plus sur moi, me tirer les vers du nez, me faire avouer que j'ai été élevé tout croche, et que j'ai chuté dans la drogue, que j'ai fait un peu de prison, que j'ai beaucoup souffert, que j'ai essayé d'avoir un peu d'amour, et que je n'en ai pas eue, au contraire, on m'a tapé dessus encore plus fort. Est-ce que vous savez maintenant pourquoi je pense qu'on vit dans un monde de sales?

Ce monde-là, gouverné par la «droite» jusqu'à la racine, ne me donnera jamais une chance. En fait, je n'aurai jamais rien de ce monde-là d'idiots conservateurs pour qui je fais partie des «ennemis jurés». Nous pouvons presque parler de deux races distinctes ici, séparées à jamais : la race des «bons», qui écrase de sa botte la face des hommes et des femmes de la race des «méchants», pour l'éternité. Ils sont inconscients du mal qu'ils font à ceux qui ont été marginalisés au départ, et perpétuent ainsi leur marginalisation tout en la justifiant. C'est la plus grande preuve de la cruauté de l'homme, et aussi la plus cachée. Ce qui se pare des oripeaux de la «justice» n'est qu'une façade pour la torture gratuite et «expiatrice».

On peut penser que je parle des «autres», mais nous sommes tous pareils lorsqu'il est question de «morale». La justice pense en termes de «rapports» concrets et te dit : «Tu fais ça, ça coûte tant», et tu paies, et tu souffres en crisse d'être né dans une mauvaise famille; mais les gens eux ne t'oublient jamais, peu importe combien ça te coûtera. Peu importe nos allégeances ou notre quotient intellectuel, le plus souvent on «réagit» comme le dernier des idiots dans une foule en panique. Il semble que nous soyons tous nivelés au même niveau par le côté de la morale, qui n'est que l'instinct de conservation du poulailler érigé en système.

Si j'apprends soudainement que mon collègue de travail, pourtant bien sérieux, sympathique et compétent, a un dossier assez «chargé», a consommé de la drogue, a été «violent», est-ce que je ne me sens pas moins en sécurité à ses côtés qu'avant d'avoir eu vent de ces informations à son sujet? La race humaine tue, pille, torture, réduit tout à feu et à sang depuis le début de l'humanité, en masse, en gros, et ça passe quand on est plusieurs à le faire, tout est permis, ça compte presque pas, et vous voudriez me faire croire qu'il y a des gens «innocents»? La vérité, c'est que nous sommes tous coupables. Nous sommes coupables d'être mortels. Personne ne peut être «innocent», du moment que cette personne est en vie, elle fait le «mal» à tout instant.

Je laisse une chance au «mal», car j'essaie d'avoir un coeur, malgré ma peur. La «confiance» n'est la plupart du temps basée que sur ce que nous «ne savons pas» de l'autre. Il faut se rappeler à tout instant, par un certain effort de l'esprit et de la perception, que nous ne sommes toujours que des animaux, prêts à commettre sur le champ les pires atrocités si nous sommes convaincus qu'elles nous permettront de sauver notre peau. Hitler n'a rien inventé, il a seulement été «convaincant».

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