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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

samedi 3 avril 2010

L'art de bien perdre son temps

Il fait chaud, mon jeans me colle dans la craque des fesses. J'ai travaillé à la chaleur toute la journée, me sens malade, je bois une grosse bière froide. J'ai un buzz tout d'un coup, j'ai bu trop vite.

Je continue à lire Leopardi, un penseur et un créateur hors-normes. Ma lecture de ce matin dans le bus : une entrevue avec Deleuze et Guattari. J'essaie de comprendre quelque chose à l'Anti-Oedipe et ce livre m'y aide. Est-ce que je suis en train de désespérer de faire quoi que ce soit de bon dans la vie? Peut-être...

Je me sens perdu depuis un boutte. J'ai trop de livres à lire. Il faut que je me concentre, que je me recentre, mais c'est difficile de revenir sur Heidegger et seulement lui, ou encore, Hegel. Mes rêves de jeunesse, c'est terminé. Les grandes études en métaphysique à l'Université de Montréal et la maîtrise d'Aristote, c'est terminé. Tout ça ne fut qu'un beau rêve qui a été détruit par la drogue et par les années d'attente dans la pauvreté et l'impasse sociale.

Il m'arrive assez souvent de penser que je pourrais encore être capable, mais non, j'ai des dettes, il faut que je travaille, ça fait revenir sur terre assez vite. Je rêvais de devenir un maître en phénoménologie... Pour ça par contre, il n'est peut-être pas trop tard. Je sais que je serais capable de travailler avec de grands professeurs dans mon département. Ce sont des professeurs que j'estime beaucoup.

L'envie me reprends de jouer aux échecs, après les revers que j'ai connus dernièrement, je me dis qu'au moins je me valorisais de cette façon. Je trouve que je perds mon temps quand je joue à ce jeu, mais que voulez-vous, au bout du compte, tout n'est qu'une perte de temps... Alors, la stratégie à suivre, la stratégie d'une vie, ne consiste et ne consistera toujours qu'en l'art de bien perdre son temps. Je pourrais continuer et essayer de devenir maître aux échecs, je suis très près... Mais quelle splendide perte de temps par rapport à tout ce que je veux faire d'autres... Je dois faire des sacrifices! J'avais commencé à maîtriser très bien Heidegger, je dois continuer dans cette voie et ne pas écouter les merdeux comme Faye, etc., qui me découragent de continuer. Je sais, la critique de Heidegger n'aura jamais de fin, mais tant mieux alors. Je m'en fous. Cet homme est un grand, un des plus grands malgré les bassesses qu'il a commis, si c'est le cas, on ne saura jamais avec certitude.

Je me souviens d'un étudiant qui avait interprété tout de travers le Platon : Le Sophiste de Heidegger. Il a dû avoir un bon résultat, puisqu'il a terminé son doctorat. Je me souviens d'avoir critiqué son interprétation que je trouvais complètement absurde, mais sans plus. Un professeur s'est esclaffé pendant son exposé, peu importe, c'est pour dire qu'il ne comprenait rien à Heidegger. Aujourd'hui, lui enseigne, moi, je végète. Ses parents avaient de l'argent et ils ont pu lui permettre d'aller faire son doctorat dans une université plus hot en ontologie.

Pas besoin d'être un spécialiste pour réussir dans les choses les plus difficiles. Celui qui a traduit Finnegans Wake de James Joyce en français n'était pas un traducteur, mais un ingénieur. Il le faisait pour le plaisir. J'étais étonné d'apprendre cela alors que j'étais étudiant en traduction. Moi, je me fendais le cul sur les bancs à essayer de prouver mon talent, alors que lui l'avait fait sans études dans le domaine. Ce genre de cas arrive à prouver parfois toute l'inutilité des études. On peut tout faire par soi-même, nul besoin d'aucun maître en rien.

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