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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 20 avril 2010

La comédie du bonheur

Voilà. Ça fait deux jours que je veux écrire ce billet, mais à cause de mon horaire de travail, je n'ai pas le temps de rien écrire. J'ai perdu l'essentiel de ce que je voulais dire, mais je tenais quand même à utiliser le titre parce que je l'aime bien, et que je trouve que c'est vrai : que le bonheur est une belle comédie qu'on se joue la plupart du temps à soi-même et aux autres.

Voici une femme enceinte, elle affiche un sourire serein, elle a une grosse bedaine, elle est joufflue, elle est gourmande : elle projette l'image de la femme enceinte heureuse qu'on voit dans les films : nous pouvons en déduire qu'elle est vachement heureuse. Mais où se trouve le bonheur dans le fait de se multiplier? Can you tell me?

Personnellement, je crois qu'on serait bien mieux autrement, en faisant une croix surtout sur la multiplication. Mais on dirait qu'y en a qui tirent une sorte de fierté à répandre leurs gènes sur la Terre. Ils s'identifient ben gros à leurs enfants, ce sont tous de petits «moi», etc. Vient ensuite logiquement pour les hédonistes individualistes que nous sommes, la rupture, le divorce, les pensions alimentaires, et les petits «moi» se font barouetter... Évidemment, ils vont être tout croches : pas grave! On s'est multipliés, c'est ça qui compte!

Il faudrait comprendre, une fois pour toutes, qu'à l'époque où il suffit de peser sur un piton pour tout faire, il ne peut plus y avoir de devoir ni d'engagement possibles au sens où on l'entendait autrefois. Ces choses sont devenues plus légères, moins contraignantes, et les hommes n'occupant plus l'avant-plan à cause de la technologie qui ne nécessite plus leurs gros bras, les femmes prennent plus de place et deviennent leurs égales. Après ça, on se demandera pourquoi les hommes sont perdus et se transforment en métrosexuels : c'est un phénomène mondial engendré par la technologie. Les moeurs s'adoucissent partout où elle pénètre. Ce n'est pas de la décadence, c'est une thérapie de choc pour les primates que nous sommes.

Je pensais à Maître Eckhart et au non-attachement : pourquoi n'y pense-t-on jamais à ne pas s'attacher volontairement? Le non-attachement aurait-il des vertus? Nous savons que la cruauté est présente chaque jour de par le monde. Des enfants se font battre, des femmes se font réduire en esclavage, des hommes se font torturer, des animaux se font maltraiter, etc. Je pensais à tout ça et puis je me suis dit : «si je m'attache à ces êtres vivants souffrants, je crève moi-même de douleur.» J'en ai donc déduit que celui qui peut sauver a le devoir de ne pas s'attacher. Merci Maître Eckhart. Mais est-il possible de ne jamais s'attacher à rien? Ni aux être vivants ni aux objets? Ni même à soi-même?

Ne dit-on pas que l'amour ou la foi soulève des montagnes, et que l'amour est plus fort que la mort? Ne peut-on dire que sans amour, sans volonté, sans ressentir que ce qu'on fait a une importance en soi-même, nous ne pourrions pas faire grand-chose? Mais je suis en train de faire de la littérature là, je crois que je vais aller manger à la place... Comme si on ne pouvait rien faire sans avoir à d'abord ressentir que ce qu'on fait a une importance en soi-même... Le changeur du métro avec sa yeule de beu, il se dit-tu lui que vendre des tickets de métro et regarder dans le vide a son importance en soi-même? L'importance en soi-même, et ce, pour une grande majorité des travailleurs, c'est le chèque de paie, les bidous. Bon yeu! Où cé que j'étais moé? Money, money, money, sex, sex, sex... Money is the answer. Money is happiness, etc.

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