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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 7 avril 2010

Ce que son fils lui disait en réalité c'était Parle-moi...

Depuis quelques jours, je n'arrête pas de penser à mon enfance, à mes parents, à quel point ma famille fut une osti de faillite. Ces deux moineaux-là n'étaient pas faits pour être ensemble dès le début, mais quoi blâmer? qui? Rien, personne. J'ai hérité des travers de mon père, de sa génétique déficiente, de sa myopie, etc., dois-je le blâmer? Je ne peux blâmer personne si à partir de 18 ans j'ai commencé à faire de la myopie et que cela a mis un stop à mes activités sportives, dans le temps, la boxe et les arts martiaux. Si je blâme mon père, mon père doit blâmer mes grands-parents, et mes grands-parents leurs parents, et ainsi de suite, jusqu'où faudrait-il remonter? Ça n'aurait aucun sens. Et de toute façon, même si on arrivait à trouver le coupable, son nom sur un arbre généalogique, qu'est-ce que cela changerait? Et imaginons pour la cause qu'il serait même vivant, qu'est-ce que je ferais? J'irais lui foutre une tape sur la gueule? Est-ce que ça m'aiderait, ça me soulagerait? Ainsi, c'est comme ça. C'est tout ce qu'il y a à dire. Il n'y a rien à faire, rien qu'on puisse faire, on hérite, c'est tout. Ta vie sera chambardée à 18 ans, tu dois l'accepter. T'auras telle maladie ou tel problème de santé, tu dois l'accepter, ça faisait partie de ton bagage au début que t'apprends bon gré mal gré à déballer tout au long de ta vie. Bien sûr, tu t'en rajoutes toi-même des misères par-dessus le marché, comme celle-ci par exemple, de trop regarder aux autres, de trop regarder vers le passé. Mais bon. On trouve toutes sortes de raisons pour varger sur des parents qu'on déteste. Et la perfection ça n'existe pas, et bla bla bla... Mais il faut faire une différence quand même, une différence entre ce qui ne pouvait être évité et ce qui pouvait être évité. Comme mon père qui me vire contre ma mère en me racontant des saloperies sur son compte, et ma mère qui me vire contre mon père en faisant de même : deux idiots. Excusez-moi chers parents idiots, mais mon esprit d'enfant n'arrivait pas à comprendre et à démêler, je prenais tout à la lettre et tout à coeur, j'étais blessé par chacune de vos paroles malveillantes que vous vous adressiez l'un envers l'autre par mon intermédiaire. J'étais le messager de vos saloperies. Vous m'utilisiez pour vous haïr l'un l'autre, oui, vous m'utilisiez... Belle image du couple que j'avais là! Belle image de l'amour! Mais c'est plutôt mes émotions qui se fermèrent pour un temps... Pour longtemps, en fait. J'ai hérité de carences affectives, de distorsions affectives. Exemple : pour Paques, ma mère m'a donné des petits poussins dans une cage, je trouvais cela magnifique, je voulais les garder. Mais ce n'était qu'un coup qu'elle faisait à mon père pour le moment où je voudrais les ramener chez moi (c'est mon père qui avait ma garde), parce qu'elle savait évidemment qu'il n'aimait pas les animaux... Ça n'a pas pris longtemps que les poussins ont disparu. Je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas les garder. On voit à quel point c'est pervers et malsain tout ça. Je percevais vaguement qu'on m'utilisait et je ne comprenais pas pourquoi, mais une chose est sûre, je me sentais «utilisé», je ne me sentais pas «aimé». Très tôt, j'étais ainsi «en marge». J'étais le fils qu'on attend qu'il ait 18 ans pour pouvoir le câlisser légalement au boutte de ses bras, après l'avoir fucké émotionnellement pendant une bonne partie de son enfance et de son adolescence. Lorsque je vois aujourd'hui des parents comme ça, qui n'aiment pas leurs enfants, qui ont démissionnés de leur rôle de parents, je les reconnais tout de suite, j'ai envie de leur sauter dans face... Pourquoi vous faites des enfants bande d'imbéciles? Un enfant, c'est pas comme un chien ou un chat achetés par des sales et qui utilisent le prétexte d'un déménagement pour s'en débarrasser, alors que la vraie raison, c'est qu'ils sont juste tannés d'avoir un animal, parce qu'un animal, ça n'a toujours été qu'un objet à leurs yeux, un objet pour se désennuyer. Ils l'ont acheté en tant que bibelot, et ça reste un bibelot : ils ne ressentiront jamais ce que l'animal ressent pour eux, il y a un mur entre eux et l'animal. Eh bien, il y a des parents qui font aussi des enfants pour se désennuyer, semble-t-il... Une fois l'ennui passé, on démissionne de son rôle de parent, on redevient un Don Juan ou une Mata Hari, etc. J'ai vu l'autre jour un père qui me faisait penser au mien, il avait deux jeunes garçons : un de ses fils lui demande, Papa, comment dois-je faire cela?, son père lui répond, Ben voyons donc, t'es assez grand, débrouille-toi, enwoueille! On pourrait penser par ce genre de réponse qu'il leur enseignait à se débrouiller, à être autonomes et indépendants, ce qui est une très bonne chose, mais c'est parce que vous n'avez pas vu son visage alors qu'il proférait ces paroles, vous n'avez pas vu les enfants qui avaient l'air délaissés, vous n'avez pas entendu le ton qu'il a utilisé, vous n'avez pas senti le mur que le père avait dressé entre lui et ses enfants : il ne les écoutait pas, il ne pensait qu'à lui... Ce que son fils lui disait en réalité c'était Parle-moi... Tout est dans la manière, et il faut toujours être attentif à cela : ce que j'ai perçu personnellement était toute autre chose qu'une volonté de rendre ses fils plus débrouillards... Ce que j'ai perçu personnellement, ce que j'ai ressenti tout au fond de moi, surtout lorsque j'ai vu les nuances émotives sur le visage de l'enfant qui se faisait répondre de cette façon, c'est un père qui rationalisait sa démission de son rôle de père, son abandon, en le faisant passer pour une volonté de rendre ses fils plus débrouillards... Ainsi, si on ne porte pas attention, tout cela paraît louable et justifié, mais si on regarde de près, on se rend compte que ce n'est que mascarade et que ces enfants sont en réalité délaissés, seuls, et que leur père ne les aime pas, ce n'est qu'un père fantoche plutôt occupé à courir après les femmes qu'à s'occuper de la bonne éducation de ses fils. On peut s'imaginer ce que ça donnera plus tard... Des enfants qui vont avoir été obligés assez tôt de se créer un mur affectif avec leurs parents et qui vont avoir de la difficulté à développer leurs propres émotions par la suite, et qui vont probablement refuser, inconsciemment, les émotions chez les autres, etc. Ainsi le mal se perpétue, comme le bien. Il faut seulement prendre garde à ne pas répéter les mêmes erreurs et évaluer à sa juste valeur ce que le bien a de bien, pourquoi il est bon, pourquoi il est justifié, sinon le «bien» peut facilement disparaître ou devenir un mal. Il faut connaître la raison de ce qu'on fait... Vraiment? Je prends soin de cette fleur parce que je la trouve belle, parce que j'apprécie la vie, puisqu'elle est là et qu'elle pousse et qu'elle n'a rien demandé, c'est une petite merveille gratuite dans l'univers, etc. Je pourrais chercher une raison d'en prendre soin, mais à quoi cela sert-il de justifier rationnellement quelque chose que je fais naturellement? N'est-ce pas chercher à démonter le bien pour savoir comment il fonctionne? Aimer avec des raisons, n'est-ce pas là le début de la fin de l'amour? La fin de l'illusion amoureuse? N'est-ce pas tout ramener à des facteurs de la soi-disant évolution, à des courbes, des variables et des constantes? N'est-ce pas nous ramener à des animaux, des machines ou des bactéries qui se multiplient? N'est-ce pas nous invalider nous-mêmes, nous rabaisser, nous et les autres et tout ce qui nous entoure, par haine, par épuisement, par ressentiment, ou encore, par simple démission? N'est-ce pas tout détruire quand on a perdu l'instinct en même temps que la divinité? Les hommes seraient des dieux qui s'ignorent... ou de simples humains qui se prennent pour des dieux? Qu'est-ce alors, qu'être simplement humains? Est-ce être nécessairement imparfaits, entachés de fautes, ou est-ce plutôt de chercher à comprendre, ressentir, observer, écouter, être responsables, c'est-à-dire être capables de réponse?

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