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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

samedi 10 avril 2010

Des baby-boomers sur leur déclin et qui pensent que le monde va disparaître avec eux

J'ouvre la tévé alors que je m'apprête à manger mon bol de céréales et immédiatement je reçois en pleine face du sang, des manifestations violentes, des visages ensanglantés, des gens qui se font matraquer... C'est pas compliqué, les yeux rivés à l'écran j'avale ma bouchée de céréales de travers et je manque de m'étouffer, alors je me lève et je ferme cette maudite merde...

Je pensais au gars qui parlait avec d'autres personnes au café et qui disait que les médias ne nous montrent que ce qui va mal, mais qu'ils ne nous montrent jamais ce qui va bien. Ça brasse en Thaïlande, et sur tous les écrans c'est tout ce qu'on voit comme si c'était ça le monde... Pour une place où ça va mal, il y en a mille autres où ça va bien, mais on ne nous montre toujours que la millième partie et on en fait un gros plan de façon à ce que ça soit une catastrophe mondiale. Et vous appelez ça être informé? Au contraire, notre perception de la réalité est ni plus ni moins que déformée par les médias.

C'est un peu comme si on ne nous montrait que des images d'un bébé où on voit qu'il pleure, crie, lance des jouets, se tiraille avec d'autres enfants, pique des crises, etc., et qu'on ne nous montrait pas les moments beaucoup plus fréquents où ça va bien, où l'enfant est tranquille, où il joue avec les autres, etc. On se dirait informés et on penserait à tort que l'enfant est braillard, colérique, antisocial, mais ce serait une erreur d'interprétation causée par la sélection qui nous a été imposée.

Tout ça me fait penser à la soi-disant fin du monde approchante. J'aimerais tellement que ça se produise, mais je crains que tout cela ne soit encore une fois que de la manipulation des esprits. Je voyais l'autre jour Languirand se faire aller le dentier et jurer que la catastrophe était imminente, mais c'était plus fort que moi : tout ce que je voyais c'était des baby-boomers sur leur déclin et qui pensent que le monde va disparaître avec eux. C'est palpable et ça sent tellement la panique des films d'Hollywood. C'est de la terreur fabriquée sur mesure.

Je me rappelle de l'impression que m'avait laissé une entrevue à la tévé avec le groupe Radiohead : le chanteur déclarait presque avec les larmes aux yeux que la fin du monde approchait, et que de plus, et ça c'était la cerise sur le sundae, on ne pouvait rien faire pour l'empêcher... Il ne restait donc qu'à se résigner et à continuer d'écouter Radiohead en se tapant une dépression avec eux ou en se suicidant. Et c'est d'ailleurs ce que me donne envie de faire leur maudite musique braillarde, c'est de me suicider sur-le-champ tellement c'est négatif, sombre, downant, déprimant. C'est de la vraie merde en musique. Faites écouter ça à quelqu'un qui arrive des îles ensoleillées imbibé de musique dansante, de sourire et de bonne humeur, il va penser que vous êtes fou ou que vous avez besoin de traitements urgents pour dépression grave. Vous allez même peut-être le voir accourir pour vous administrer un soluté.

J'appelle ça de la musique qui nous vampirise... C'est en plein l'impression que j'ai eue quand je me suis forcé à faire une cure de Radiohead pour voir une fois pour toutes ce qu'il en était de ce groupe si populaire. Ce que j'écoutais était bon, mais je me sentais vidé, sapé, comme si on m'avait sucé tout mon sang. J'en ai déduit que c'était une musique qui coupait l'énergie par son trop-plein de larmoyisme et de négativité. La voix seule du chanteur, déclinante, plaintive, gémissante, traînante, donne envie de se suicider, et ce, même s'il criait très fort que la vie est belle et qu'elle vaut la peine d'être vécue. En tout cas, dès que je l'ai entendu dire ça, que la fin du monde était inévitable et qu'on en avait pour vingt ans à peine, j'ai eu envie de rire : c'était tellement évident qu'on faisait dans le pathétique qu'ils en devenaient ridicules. J'ai compris que ce n'était qu'une mode de jeunes ados déprimés comme pour The Cure dans le temps, mais que ce n'était toujours que du théâtre, du drame et de la comédie, et que les musiciens feraient bien souvent mieux de se fermer la yeule au lieu d'exprimer leurs points de vue sur l'actualité qu'ils ne comprennent même pas ou qu'ils ne connaissent qu'à travers les médias de masse déformants. Comme pour Céline Dion aussi : on n'en a rien à foutre de ce que tu penses de la souveraineté, et on ne veut pas que tu nous chantes la souveraineté, on veut juste que tu nous fasses de la bonne musique. Le rêve est le moteur de la réalité, mais lorsque celui-ci est énoncé en termes clairs, précis et articulés, il perd toute sa force d'inspiration, alors que c'est la chose dont nous avons le plus besoin. Lorsque la musique est soumise à l'idée, on se retrouve invariablement avec de la musique poche socialiste comme on pouvait en trouver dans la Russie communiste, ou comme on peut en trouver ici avec Loco Locass: de la musique terre-à-terre de gros bêtas.


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