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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 12 juillet 2009

La rencontre de K.

C'était une de ces soirées d'automne magnifique, magique, où le temps semble suspendu, et les feuilles des arbres figées dans l'air immobile, éclairées par la lumière rose des lampadaires, donnaient une impression d'artificialité, d'irréalité. Je descendais à pied la rue René-Lévesque, quand, sortie de nulle part, une très grande femme m'aborda en bordure d'un stationnement désert. Salut chéri, me dit-elle langoureusement avec des signes de piasses dans ses yeux. Ses yeux étincelants, perçants, me saisirent par leur beauté et leur vivacité. Cette femme dont les cheveux noir de jais tombaient sur ses épaules d'un blanc immaculé me charma fortement, irrésistiblement, et je lançai de façon tout à fait spontanée, sur un ton absolument sérieux : Tu viens prendre un verre, moi c'est Max, puis marquant une pause emphatique pour souligner le caractère fatal de la situation, et toi? Elle changea son regard de direction en feignant un certain mépris, puis m'ignora un moment, préférant observer le trafic qui se dirigeait vers nous. C'est à cet instant même que je décidai fermement, résolument, justement à cause de cette feinte de mépris qui agaçait fortement mon orgueil, que je ne partirais pas sans elle. Elle héla un taxi qui passait en trombe et le stoppa net, comme pour me montrer son pouvoir sur les choses ainsi que son caractère ferme et décidé, puis me lança sur un ton badin : Je m'appelle K., et c'est moi qui t'invite, salaud.

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