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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 17 juillet 2009

Sur Hobbes

C'est avoir une bien piètre estime de l'homme de dire qu'il ne recherche en tout que son propre intérêt; c'est le limiter à être une sorte de machine calculatrice sans idées et sans sentiments. De plus, si on pousse la logique jusqu'au bout, je ne crois pas que l'homme la plupart du temps connaisse son véritable intérêt, il ne pourrait donc en conséquence agir purement dans son intérêt propre que dans de rares cas.

Cette idée assez basse de l'homme est aussi un poison, puisque du point de vue de la théorie des jeux, si l'homme qui est en face de moi sait que je le vois de cette façon, il sera forcé d'agir selon ma vision de lui, puisqu'il sait que mon bien implique de lui faire un tort. À l'intérieur de ce jeu dont les règles sont définies au départ de cette façon, son agissement confirmera ma vision de lui et je serai justifié moi aussi d'agir à sa façon, pourtant induite par moi-même. Ce type de jeu mène au bout du compte à la destruction provoquée du tissu social et force ainsi l'institution du Léviathan qui protège les hommes entre eux par sa poigne de fer, puisque «l'homme est un loup pour l'homme». Cette idée des plus funestes entre toutes est en quelque sorte une prophétie qui se réalise d'elle-même, un véritable poison social.

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