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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

samedi 25 décembre 2010

Soeur Sourire: un modèle de «mauvais choix»

Voici les paroles de son tube le plus connu:

«Dominique-nique-nique s'en allait tout simplement,
Routier pauvre et chantant.
En tous chemins, en tous lieux, il ne parl'que du Bon Dieu,
Il ne parl'que du Bon Dieu....»

Voilà: vous l'avez dans la tête pour 10 ans minimum, comme tous les bons vers d'oreille...

Bon. J'ai écouté le film avec Cécile de France, actrice déjà de laquelle je ne sais quoi penser... Je l'ai vu dans Haute Tension, un excellent film d'ailleurs, et je crois qu'elle fait mieux dans l'horreur... Bref, elle serait peut-être mieux pour d'autres genres de films, mais de cas-ci, faisons donc exception, elle se prête possiblement à merveille au rôle de «Soeur Sourire»: un être hybride, ambivalent, ambigu, ni entièrement croyante, ni entièrement débauchée, ni aux hommes, ni aux femmes, ni à la musique, ni au commerce, ni pauvre, ni riche, ni homme, ni femme... CQFD: Cécile de France.

Mon impression du film: Jeanine Deckers alias «Soeur Sourire», nom trouvé par les bandits de la compagnie Phillipse, donne l'impression d'être «asexuelle», dans le film à tout le moins... Elle semble fascinée par les beaux corps nus de femmes, mais en même temps, elle essaie d'aimer les gars... Mauvais choix: car elle est possiblement une véritable lesbienne... Mais nous ne le saurons jamais vraiment dans le film: elle caresse les mains de son amie Annie Pécher (Sandrine Blancke), se colle sur elle, prend un bain toute nue avec elle (où on voit les beaux petits seins de Sandrine), et c'est tout, le film ne va pas plus loin... C'est désolant pour les mecs amateurs de minouchage entre femmes, car Sandrine Blancke est une belle femme avec laquelle on aurait envie de commettre plusieurs péchés... Curieusement, la véritable «Annie Pécher» était plutôt un laideron, mais bon, la beauté, ça vend...

En ce qui concerne les «mauvais choix»: elle n'aurait pas dû, premièrement, entrer au couvent, mais une fois là, elle aurait dû y rester... Elle arrive à une époque de grands changements qui fait qu'en l'espace de quelques années, ses morceaux à dimension «sociale» comme La pilule d'or, on l'air décalés... Bref, elle a l'air nounoune à côté des hippies déniaisés qui ne sont pas loin... Elle veut apporter de grands changements au sein de l'Église, qui en principe, devrait la bouleverser totalement et changer complètement sa nature, puisque c'est à la base une institution «fermée», mais elle veut en faire une institution «ouverte», sans cependant quitter tout simplement l'Église, pour laquelle elle est trop «grande», trop «big», trop «expressive»...

En effet, Jeanine Deckers a quelque chose qui relève du «génie», même si elle ne sait pas ce qu'elle veut et qu'elle fait tout le temps les mauvais choix et arrive toujours au mauvais moment... En ce sens, en plus d'être un modèle de «mauvais choix», c'est aussi un modèle de «mauvais timing»... Elle arrive près d'une époque sur le point de s'«ouvrir», mais l'Église a encore trop de pouvoir sur l'opinion publique, ce qui fait que son message «provocateur» ne passe pas et qu'elle est barrée de partout...

De plus, lorsqu'on y pense bien, on se dit que sentant le grand succès avec sa pièce, elle aurait dû quitter le couvent avant de signer avec le label qui donnait tout à la compagnie (95%) et le reste au couvent (5%)... Pourtant, ç'aurait dû être l'inverse en terme de pourcentage si elle voulait faire une «bonne action», mais bon... Ce sera une artiste de plus qui se sera fait exploiter à mort, en plus de ne pas donner l'argent aux bonnes personnes...

On se dit aussi qu'il y a eu «injustice» et que les droits et les profits auraient dû lui revenir, mais c'était chose impossible, puisque pour être dans les «ordres», il faut faire «voeu de pauvreté»... On se dit alors qu'elle aurait pu tout simplement faire son chemin à part, se défroquer, et devenir millionnaire avec ses tubes, mais le nom de «Soeur Sourire» sous lequel tout le monde la connaissait ne lui appartenait pas... On se dit alors que c'est le fait d'être entré au couvent qui a tout gâché, mais, pour commencer, elle ne serait pas devenue aussi «big» si elle avait été une simple civile... Sa condition de succès était d'être une «soeur», mais cette même condition l'empêchait, par le fait même, de profiter de son succès... Bref, on n'est pas loin de la situation inverse de Milli Vanilli, puisque c'est comme si elle avait chanté en secret pour une autre personne... Elle essaie de faire surface et de dire «C'est moi Jeanine Deckers qui l'ai chanté!», mais personne ne la connait, et personne ne veut la connaître, surtout si c'est une défroquée...

Finalement, Jeanine commet le péché, irréparable à l'époque, et se défroque... Le film laisse penser que le «péché» qui perdra Jeanine est le péché d'«orgueil»... C'est vrai en un sens, mais c'est le propre de tout artiste d'être fier de ses créations et de son succès. Bref, le véritable péché de Jeanine Deckers aura plutôt été d'être «en avance» sur son temps, mais avec des habits du «passé»...

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