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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

samedi 11 décembre 2010

Changement de vision soudain...

Habituellement, je n'aime pas trop les personnes âgées. Elles me tapent sur les nerfs dans l'autobus, dans les marches, dans les couloirs, dans les files d'attente où elles ralentissent tout, et ça m'énerve toujours profondément...

Comme un jeune ado, je n'apprécie pas trop ce qui croule, et c'est peut-être normal...

C'est peut-être même un signe de haute santé...

Et c'est pour cela que la pensée m'est venue un moment à l'esprit que je devenais vieux ou que ma santé était fragilisée...

Ma «non-intellectualisation» m'a sauvé du mépris de ces personnes dans cette situation précise où j'ai «ressenti» quelque chose à la place... C'est ce qu'on pourrait appeler de la «compassion»...

Dans l'autobus bondé qui se dirigeait vers le centre d'achats où tout le monde débarque ou presque, sauf moi, il y avait deux femmes âgées assises devant moi. Je savais qu'au prochain arrêt je pourrai prendre la place de l'une d'elle alors qu'elles s'apprêteraient à débarquer... Pour l'instant, ma pensée était qu'elles m'énervaient, qu'elles prenaient de la place, qu'elles étaient lentes, vieilles, fatigantes, voire haïssables! Mais je ne les connais même pas!

Une des deux a commencé à se lever avec difficulté, j'ai peur de voir les contours d'une couche... Je me dis qu'elle est très vieille, de plus de 70 ans, qu'elle semble habituée de se déplacer avec une marchette, car elle avait la posture, mais pas de marchette, c'est compréhensible, le bus est bondé, c'est le magasinage des fêtes...

Je me dis soudainement, alors que les deux femmes peinent à se rendre à la sortie dans la mêlée de jeunes sauvages pressés, qu'elles n'ont personne pour les conduire jusqu'ici... Car ce qu'elles viennent y faire le plus probablement, c'est magasiner des cadeaux pour leurs proches, pour leurs enfants, peut-être des adultes ingrats qui ne viennent jamais les visiter et qui n'en ont rien à foutre de leurs parents vieux et malades...

Soudainement, j'ai eu pitié pour ces deux dames que je trouvais courageuses de venir magasiner dans cette foule un peu brusque, des cadeaux pour des personnes qui ne les méritent peut-être pas...

Je me suis demandé si la pitié ou la compassion sont de bons sentiments, j'ai répondu «oui»... Et j'ai pensé à Schopenhauer...

Et j'ai pensé ensuite que ma vision des choses venait de changer soudainement et radicalement en quelques secondes...

J'ai trouvé cela étrange, ce changement complet de perspective, voire, de personnalité, mais je sentais que je voyais la vérité pour la première fois...

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