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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 29 décembre 2010

Les esclaves sexuelles

L'autre jour j'écoutais la télé, ça parlait de sexe (miam!), d'esclaves (miam!), de violence faite envers les femmes et de prostitution forcée, ah ben là j'étais en tabarnak!!! Et d'apprendre en plus que le Canada n'était pas à l'abri de cette écoeuranterie à cause des «visas pour danseuses étrangères», j'ai capoté.

Le cas de Katia m'a beaucoup touché. Elle et son mari vivent en Moldavie dans la pauvreté extrême, la misère; Katia, enceinte, se fait promettre un emploi à l'étranger par une bonne femme, mais en réalité, elle se fait vendre à son insu en tant qu'«esclave sexuelle» à un proxénète. Elle sera transportée clandestinement en Turquie. Son mari la cherche et réussit à entrer en communication avec les ravisseurs en se faisant passer pour un proxénète qui veut acheter Katia (sa propre femme!). Il n'est pas rare qu'une femme soit revendue plusieurs fois et se retrouve clandestinement dans plusieurs pays différents, toujours enfermée dans des maisons closes et sans revenue; de plus, souvent battue quotidiennement, forcée d'avoir des relations sans condoms, droguée, ces endroits possèdent des barreaux et sont tout simplement des maisons d'«abattage», c'est-à-dire que la femme est forcée de faire autant de clients qu'il y en a, ça peut aller des fois jusqu'à 20 en une journée. Autrefois, on retrouvait ce genre de maisons dans le red light de Montréal même: la femme était payée et «consentante», mais une «passe» équivalait à un verre d'alcool frelaté! Souvent, la femme n'avait pas le temps de se lever entre deux clients pour aller se laver... (voir le livre de Daniel Proulx, «Le Red Light de Montréal»)

Katia finit par rentrer à la maison seule: un client a eu pitié d'elle et l'a acheté. Autrement, le mari n'aurait jamais revu sa femme qui était, en plus d'être violée quotidiennement, menacée de mort à cause des appels insistants de celui-ci et sur lequel les ravisseurs avaient des doutes (ils croyaient que c'était un agent de l'Interpol). Katia est revenue, mais elle est brisée, elle n'est plus la même. Elle a été obligée de se faire avorter, et, on ne nous le dit pas dans le documentaire, mais elle est probablement séropositive comme plusieurs de celles qui s'en «sortent»...

C'est ça qui m'a arraché le coeur, le fait que ces femmes ne s'en sortent finalement jamais même si elles sont libérées un jour. Le pays dans lequel elles vivent est si pauvre, que même une d'entre elles qui a été libérée a décidé de retourner en Turquie pour travailler comme prostituée afin de payer les frais médicaux de son jeune frère malade en Ukraine. C'est terrible d'être acculée à faire de tels choix.

Et pour terminer, voilà le boutte du boutte : le proxénète de Katia est capturé par la police. Katia décide de témoigner avec d'autres femmes victimes de cette ordure. Aucune d'elles n'est avisée de la date du procès, donc aucun témoignage n'est entendu et la sentence est rendue: 5 ans de probation!!! Ces femmes vivent un véritable calvaire et luttent quotidiennement pour survivre; elles sont enlevées, violées, battues, on les force à contracter des maladies vénériennes et lorsqu'elles sont libérées (si ça se produit) et qu'elles réussissent par chance à reconnaître leurs ravisseurs, elles n'ont même pas la justice comme consolation parce que leur gouvernement et la magistrature sont corrompus de fond en comble. Dans ces pays, lorsqu'il y a des rafles, ces femmes sont tout simplement considérées comme des «prostituées de plein gré», et non comme des «esclaves sexuelles» : ainsi, leur calvaire se poursuit puisque c'est maintenant le système qui les persécute. Elles sont rapatriées dans leur pays et c'est sur elles que tombent le blâme et la honte: elles sont rendues coupables de prostitution en pays étranger...

500 000 femmes par année sont victimes d'esclavage sexuel.

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