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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 28 juin 2010

Un monde gangrené par l'économisme

Rainette me demande de parler de «moi» et de ma «vie quotidienne», eh bien, je ne sais pas quoi dire. Je lis, je m'intéresse de plus en plus à la politique, j'en ai même une grande soif d'ailleurs. C'est surprenant, car j'ai toujours méprisé ce sujet. Je m'intéresse aussi beaucoup à l'économie, sujet complémentaire et inséparable, sinon central. Ce qui m'étonne le plus c'est de toujours apprendre et lire que c'est une science parfois obscure et qu'on ne comprend pas très bien les mécanismes qui causent par exemple l'inflation, etc. Ça me semble être une science dans laquelle les points de vue les plus forts l'emportent à la fin. Plus d'État, moins d'État; plus de régulation, moins de régulation; laissez faire, dirigisme : c'est toujours la même histoire : comment les riches réussiront-ils à se mettre le plus d'argent possible dans les poches?

C'est triste, mais même encore après tout ce que j'ai lu, je ne vois aucune issue à cela, pire, je ne vois même pas la possibilité de l'ombre d'une issue. Pour commencer, nous ne pouvons pas tous être «riches» : s'il y a des «gagnants», il doit y avoir des «perdants» : cela est une donnée absolue. En effet, si les travailleurs sont riches, pourquoi iraient-ils donc travailler? Pour aider ou participer à la communauté? -ils seraient tous en train de profiter de leur argent au soleil à l'étranger les deux pieds dans le sable... Ils n'en auraient proprement rien à foutre de la «communauté». Et si l'entreprise n'a plus de travailleurs, elle ne peut plus produire de richesses, de biens, et elle s'effondre, ainsi que le ou les riches qui sont à sa tête. À la fin, si tous les travailleurs sont riches, il n'y a plus d'entreprises, plus de création de richesses, pour la simple raison que personne n'y est obligé. Il faut donc qu'il y ait des «classes» pour que la machine continue de fonctionner, autrement, tout s'effondre.

Le seul moyen d'enrichir les riches indéfiniment, et pour cela, de faire travailler les gens indéfiniment, c'est de les réduire à l'«esclavage» et de créer toujours plus de «distance», de les empêcher par tous les moyens de s'enrichir véritablement (non, un fonds de pension n'est pas de la «richesse»), ou de s'enrichir tout court, ne serait-ce que pour avoir de quoi subsister une journée de plus sans travailler, et c'est ce à quoi nous assistons dans le tiers-monde, ou plutôt, ce à quoi nous n'«assistons» pas. Il doit y avoir un mur très solide et impossible à franchir entre les riches et les pauvres, ou les ultrariches et la classe moyenne-supérieure, et ce mur passe par le pouvoir brut de l'argent et des armes ou des positions clés qu'elle sert à acheter, le mensonge et la politique qui sert à asservir des États entiers.

Même si on remplaçait les travailleurs par des robots androïdes ultra-spécialisés possédant des capacités d'apprentissage équivalentes aux humains ou même encore plus performantes, ces robots «libérateurs» de toutes les tâches disons «de base» appartiendraient à des intérêts privés. Dans cette perspective, il ne faut pas oublier que le «robot» le plus perfectionné qui soit pour les exploiteurs du système capitaliste est toujours et encore l'être humain...

Cette intrication de la politique et de l'économie est vraiment un casse-tête de niveau supérieur. Et si ce problème n'est toujours pas résolu, c'est, selon moi, parce que les classes possédantes ont toujours tout fait pour ne pas qu'il le soit. Effectivement : comment les possédants pourraient-ils se distinguer des autres si tous demain se promenaient en Ferrari et habitaient dans des châteaux garnis de serviteurs? Se croire intrinsèquement «supérieurs» aux autres alors, n'aurait plus aucun sens... Ces gens perdraient automatiquement leur pouvoir ou leur influence, car, au bout du compte, ce n'est toujours un pouvoir que nous leur «accordons» que parce qu'ils ont «plus»... Nous oublions toujours que ce «plus» est le produit de l'exploitation de l'humain par l'humain, parce que nous espérons cette richesse pour nous-mêmes, parce que nous ne pensons qu'à nous-mêmes au fond, comme ces exploitants, parce que nous sommes amoralisés, dépolitisés, des consommateurs apathiques et démoralisés devant ces forces totalitaires. Nous vivons dans un monde gangrené par l'économisme.

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