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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 23 juin 2010

Le test de la soupe

La Dictatrice faisait une soupe aux tortellinis hier soir. C'était prévu déjà depuis une semaine et puisque j'adore les pâtes, je la savourais d'avance.

Alors, j'arrive à mon chez-moi après le travail hier soir et je m'assois pour déguster cette fameuse soupe, mais elle me prévient d'avance qu'elle a manqué son coup : la soupe goûte rien. Je goûte la soupe, et effectivement, ça goûte l'eau pas mal : je cherche le problème... Elle avait ajouté du piment fort en pensant que ça goûterait plus quelque chose, mais non, ça goûtait juste l'eau avec du piment fort. Je lui dis qu'il ne faut pas toujours suivre les recettes telles quelles, que ça a l'air souvent ben bon en photo, mais que souvent aussi c'est pas mangeable, etc., et surtout, sourtout, qu'il faut se méfier des recettes qui ne contiennent pas beaucoup d'éléments, sauf si c'est un steak par exemple.

J'ai eu droit à une méchante crise à cause de mes «conseils», parce que la Dictatrice n'aime pas se faire dire quoi faire, elle porte bien son nom... Je n'aime vraiment pas ce trait de caractère, mais bon, je fais avec depuis des années. Bref, comme j'ai toujours le grand talent de mettre de l'huile sur le feu, ça a fini en crise monumentale, en claquage de portes et en pleurs : elle était bien prêt encore une fois de faire sa valise parce qu'elle me déteste tellement trop dans ce temps-là.

Son attitude devant cette soupe ratée : «Je vais la jeter». Mon attitude : «Ben non! On va essayer de s'arranger pour qu'elle soit bonne.» Sa morale : «Je fais plein d'argent, je me fous de la jeter.» Ma morale : «On ne jette pas la nourriture comme ça, on va la manger peu importe qu'elle soit bonne ou non câlisse!» On a eu toute une interaction sur les «principes» qui se rendit presque, dans mon cas, jusqu'à des fondements philosophiques fondamentaux. Elle me déteste vraiment quand je pars là-dessus...

Elle me trouve tenace, lourd, et elle m'en veut de ne pas changer de sujet immédiatement parce que je focus totalement là-dessus, l'entièreté de mes propos irradie à partir de cette maudite soupe qui devient le but de ma vie, mon Everest à gravir. Je ne lâche pas, jamais, je m'acharne vraiment, je suis comme ça, c'est le jeu d'échecs qui m'a appris ça je crois, et la pauvreté. Mais de toute façon, j'avais déjà une prédisposition à ça quand j'étais flo, de chercher les «fondements», les raisons de toutes choses, la «vérité vraie» : j'étais déjà très lourd auprès de mon père qui ne s'intéressait qu'aux femmes et aux chars : c'est d'ailleurs pourquoi on se déteste toujours aussi cordialement. Lui la «surface», moi la «profondeur»... Deux contraires irréconciliables.

Bref, je réfléchis à comment je pourrais sauver cette soupe alors qu'elle fait la baboune dans la chambre. C'était une soupe genre aux tomates avec tortellinis au fromage qui goûtent rien : elle n'a pas pris à la viande, ce qui aurait été bien meilleur, à cause que c'est une recette «diète», et aussi, parce qu'elle n'aime pas tellement la viande.

J'ai ajouté pour commencer deux tomates fraîches tranchées. Ensuite, des tomates en conserves coupées en dés, du jus de tomate, un peu de pâte de tomate. J'ai coupé des oignons verts, un piment rouge, un piment vert, du céleri. J'ai ajouté pas mal de basilic, des herbes de Provence, c'est à peu près tout ce qu'on avait en termes d'épices, on était mal pris, avec deux cuillères à soupe de sucre pour atténuer l'acidité... Pour finir, j'ai fait recuire le tout pour presque une heure en ajoutant de l'eau des fois. Avec tout ce que j'ai ajouté, on avait disons deux fois la quantité de départ.

J'ai goûté à la soupe après ça, elle était bonne, mais trop chaude encore pour tout goûter.

J'en ai remangé aujourd'hui en la faisant réchauffer, et puisqu’elle avait épaissi dans le fridge, j'ai ajouté une demi-tasse d'eau dans mon bol : la soupe était tellement goûteuse qu'elle conservait quand même toute sa saveur.

Résultat : j'ai réussi à faire une esti de bonne soupe minestrone, et par le fait même, à me réconcilier ma blonde comme d'habitude, comme à chaque fois qu'elle scrape une recette. :D

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