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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 23 juin 2010

Ma blonde m'habille

Quand je vais au dépanneur chercher de la bière ou autre chose, il m'arrive des fois d'y aller avec de beaux bas blancs dans mes sandales. Je le fais parce que j'éprouve un malin plaisir à le faire : je sais qu'en faisant cela, je ne peux pas faire plus honte à ma blonde, une véritable bête de mode, et ça me fait rire intérieurement. Mais ce n'est pas tout : vous savez à quel point j'aime cette société d'étrons ambulants individualistes : j'aime aussi faire honte au monde en général, les écoeurer par mon manque de goût et de classe : c'est tout ce qu'ils méritent câlisse.

De toute façon, j'aime bien faire honte, mais en même temps je m'en fous, parce que moi je suis vraiment confortable avec des bas dans mes sandales et ça m'évite d'avoir à me laver les pieds en rentrant ou d'avoir à remettre mes chaussettes, c'est pure paresse. Historiquement, je me fous un peu de comment je m'habille pour plusieurs autres raisons : la plupart du temps, je n'ai jamais eu d'argent pour me payer des clothes, sauf quand je vendais de la pourdre, et, plus important encore, je suis occupé à faire autre chose qu'à magasiner pour ça. En plus, à chaque fois que j'aime un morceau de linge, les autres n'aiment pas, ou c'est mal agencé et j'ai l'air quétaine. Si j'étais riche, je serais moi aussi une bête de mode, mais pour l'instant mon argent doit aller dans les livres, quand j'en ai.

Ça ne me dérange pas d'user mon linge jusqu'à la corde, ça ne me dérange pas non plus de patcher des trous ou de coudre, mais ma blonde a ça en horreur et me propose à chaque fois que je m'y mets des nouveaux jeans qu'elle va aller me chercher elle-même dans des boutiques branchées en me faisant accroire qu'elle paie tout, après tout, elle fait bien cinq fois mon salaire, mais elle s'arrange toujours quand même pour me refiler la facture échelonnée en prétextant d'autres dépenses. Ainsi, je n'ai pas le choix d'être habillé à sa façon, sinon je vais me faire mépriser et on ne pourra plus sortir ensemble nulle part. D'ailleurs, il arrive qu'elle me dise qu'elle ne me connaît pas lorsqu'on marche ensemble sur la rue alors qu'elle constate amèrement que je n'ai pas fait un trop grand effort vestimentaire avant de venir la rejoindre pour une sortie.

J'adore lui faire honte en public, et, oui, je n'ai pas d'allure.

Faut dire que j'avais le même problème avec ma première blonde : c'est elle qui m'habillait au complet, comme son Ken : elle était danseuse à Toronto, l'argent lui sortait par les oreilles. Je ne détestais pas ça.

Pour compenser le tout et me faire pardonner d'être un primate, j'ai des talents cachés en cuisine, mais je tache souvent mes vêtements.

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