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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 27 juin 2010

Sur le plaisir et le bien

J'en ai un peu marre de ces discussions sur l'hédonisme comme plan de société, ou même, comme programme politique de clounes jouisseurs utilitaristes. La vie, ce n'est pas toujours de la tarte. Et de toute façon, je ne vois pas la pertinence d'identifier le «Bien» au «plaisir», vraiment. Je ne vois rien de profond ni de bien original là-dedans. «Viser le plus grand bonheur pour le plus grand nombre», «Faire du bien aux autres, se faire du bien à soi» : quel programme! Venez, qu'on se masturbe tous ensemble! L'orgasme rend intelligent! Se jouer après le pipi rend génial!

Au pire, on nous sert que des phrases creuses, de la sophistique fastfoodienne rassurante, du flattage dans le bon sens du poil, de la complaisance envers nos instincts les plus bas, les plus courts, les plus enclins aux détours. On oublie trop souvent qu'il faut souffrir et bûcher pour obtenir les plus grands résultats. On veut tout avoir tout de suite et sans effort : ça correspond bien au trait dominant de l'époque. On finit par conséquent par ne rien avoir, ou avoir beaucoup moins que ce qu'on espérait, ou procéder de façon malhonnête en manipulant les autres et en se mentant à soi-même.

La lâcheté typique : l'incapacité à l'effort, au sacrifice de soi, à la négation de soi, bref, à la haine de soi, seule garantie du réel «progrès», mais qui est maintenant devenue résultat final du progrès et négation de l'autre au nom de notre «bulle». On parle tant du «narcissisme» de l'époque, eh bien, le voilà notre Narcisse, notre bel amour de nous-mêmes über alles. On se répand, on s'étale sur les autres, on explose d'amour de soi, d'inconscience de soi obèse et métastatique : l'époque est due pour crever dans sa chaude et sale merde «enveloppante», embaumante, car vous puez tous, tout pue, tout est idiot, jusqu'aux pierres...

Mangez, mangez! Mangez tout! Ne vous gênez pas pour jouir bande de gros sarfes! Mettez vos gros culs partout, demandez des rampes si ça ne suffit pas, des pôles pour vous torcher le cul et mettre vos souliers, des crics, des grues pour qu'on vous déplace, ce n'est que de l'«amour» après tout, pas du «gras», pas un «manque de volonté», pas une «panne de l'imagination», pas de l'«apathie».

«Jouir» : voilà la voie de la vérité ultime! Tout ce que vous faites, c'est pour le plaisir bien sûr, et la jouissance et le bonheur, qui ne peuvent jamais être un «mal», qui ne peuvent jamais être au détriment de quelqu'un d'autre, de quelque chose d'autre. Vous n'existez toujours que pour cela, c'est la règle d'or, c'est même inscrit dans vos gènes de bétail pourri utilitariste. Même la personne qui se suicide le fait au fond par «pur plaisir», pour la satisfaction de quitter une vie sans IPhone, etc. En effet, comment pourrait-on vivre sans un IPhone câlisse?

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