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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 2 novembre 2009

Une vie sans problèmes, ça n'existe pas

Je n'ai jamais compris pourquoi j'ai tant de problèmes avec mes géniteurs. Dès ma tendre enfance, mon père était déjà crinqué sur son gourou, et ma mère «suivait» passivement, mais avec des arrière-pensées catholiques, elle n'allait pas se mettre tout nu bien longtemps : c'est une agenouilleuse dans l'âme. Elle a essayé de me faire aimer l'Église en s'agenouillant devant moi à la messe et en prenant l'hostie, mais ça n'a eu que l'effet contraire : je l'ai rangé mentalement dans la catégorie des «malades mentaux incurables», comme son père et sa mère d'ailleurs. En partant, il y avait une grande incompatibilité entre mon père et ma mère, et comme de fait, ils se sont tellement haïs que la «guerre de religion» sans merci était inévitable.

Après le divorce, ils se sont amusés à me tirailler d'un bord pis de l'autre pour bien me fucker émotionnellement et mentalement. Aujourd'hui quand je repense à tout ça, à quel point ils m'ont fait souffrir et pleurer pendant plusieurs années, je trouve ça extrêmement idiot, mesquin et impardonnable. J'étais coincé entre deux crisse de «sectaires» : un qui faisait passer sa religion et sa blonde du moment avant moi, et l'autre c'était sa réussite professionnelle, ou plutôt l'argent, et son nouveau mari encore plus étroit d'esprit qu'elle. Ce n'est pas pour rien que je suis sceptique aujourd'hui et que je n'adhère à aucune religion ni à aucune philosophie en particulier. J'en ai eu plein le cul assez tôt de la vie et des croyances communes bon marché genre qu'on prend sur les tablettes comme tout le monde : c'est écrit dessus Great Value, et c'est une boite en carton assez épaisse. Ces boites-là, je les rentre dans mon broyeur.

En plus d'être de la catégorie «parti pris, soumission absolue pour le bien de l'humanité», ils étaient, comme de fait (ça va très bien ensemble), très individualistes. Ils obéissaient à une maxime bidon du genre «Tous le font, alors pourquoi toi tu ne le ferais pas?». Sacrer ses enfants là, et ne penser qu'à l'argent et à son petit bonheur personnel, et surtout, au sexe. Une plotte américaine qui fourre bien, ça vaut de l'or. Et une queue latino qui fourre bien, ça vaut de l'or aussi. Il y a deux sortes de parents : ceux pour qui leurs enfants passent en premier, et ceux qui passent toujours avant leurs enfants. Eh bien, aujourd'hui, ils ont le traitement qu'ils méritent et ils ont juste l'air fou, et je dirais même, ridicules. Ils sont seuls l'un et l'autre, en compagnie de leurs rides.

J'ai essayé de renouer cet été avec mon père parti à l'étranger : impossible, on ne peut que parler de météo. Je n'ai jamais réussi à comprendre sa sécheresse de coeur. J'étais prêt à déposer les armes, à «oublier» et le reconnaître comme mon père en le respectant : à ce qu'il semble, j'étais pas dedans pantoute : il ne rendra jamais les armes parce qu'il y croit dur comme fer à son gourou qui lui rit dans la face et à ses principes. Il a toujours voulu «sauver l'humanité», mais n'a jamais été capable de voir ses propres enfants. Un genre de Rousseau, mais sans le génie. Rien à faire...

En ce qui concerne ma mère, j'ai compris qu'on n'était pas de la même race pantoute. Elle est juste comme son père, un ex-policier batteur de femmes, qui l'a abandonné et ne l'a jamais reconnu : un véritable chien sale jusqu'au bout qui a tout légué, après lui avoir fait des promesses, à sa blonde du moment . Il a fallu qu'elle me refasse le coup, même si ce n'était pas ouvertement, et qu'elle me mette dans le même sac que les «hommes» qu'elle haïssait maintenant en général.

Quand je lui ai appris que je faisais ma maîtrise, elle n'a eu aucune réaction de joie. Je crois qu'elle aurait préféré que je lui dise que je continue toujours à travailler dans le même casse-croûte minable et à passer le balai : parce que ça, à ses yeux, c'est travailler. Étudier c'est pas travailler, c'est paresser, c'est se prendre pour un autre, c'est perdre son temps. L'important c'est d'avoir une bonne job et de faire de l'argent, le reste n'a aucune importance. Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est comment j'ai pu naître de parents aussi différents de moi, aussi étroits d'esprit. Après tout, c'est incroyable : tout ce qui a de la valeur à mes yeux n'a aucune valeur à leurs yeux... Fallait le faire quand même! Nous n'avons absolument rien en commun, même pas les sentiments, c'est un coup de malchance inouï! C'est comme si des crapauds avaient engendré un chat sauvage ou un aigle... C'est triste lorsque l'enfant cède et devient comme eux en se prenant pour un crapaud, mais lorsque ce n'est pas le cas, en plus d'être encore triste ça devient aussi risible! Je n'ai aucune pitié pour l'imbécilité...

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