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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 19 mai 2011

Il faudrait que l'homme réussisse à regarder un peu plus loin que son nombril..

1. Je ne sais pas si on va réaliser un jour tous les dommages que nous nous sommes causés à nous-mêmes, en plus des dommages que nous avons causés à l'environnement et qui poursuivent leur cours.. Il est clair que l'homme est aliéné par son mode de vie, mais il ne semble pas conscient de la provenance du mal et il croit à tort qu'il vient de lui-même, par son manque de performance, son incapacité à suivre la cadence, etc. Par conséquent, il est déprimé, anxieux, il prend toujours plus de pilules, des médicaments, des énergisants, des vitamines, il «force la machine» comme on dit.. La pression est forte ainsi que la compétition..

Cependant, la courbe de tout cet environnement hostile et destructeur commence à se dessiner dès le 17e siècle.. Donc, il faudrait que l'homme réussisse à regarder un peu plus loin que son nombril pour trouver les causes de son malaise, mais il est privé de cette capacité, puisqu'on l'a coupé d'une tradition de pensée qui lui permettait de faire le lien en croyant que le travail que cela comporte était tout simplement inutile puisqu'il n'était pas rentable pour le système.. Par conséquent, il se retrouve totalement démuni et sans ressource face à lui-même, désormais entièrement dépendant de cette aliénation qui s'aggrave..

Il fait penser à un homme qui envisagerait de se faire couper les jambes pour courir avec des jambes bioniques «plus performantes» et gagner les compétitions.. L'aliénation individuelle, dans un milieu «fermé» par le bouclage d'une époque, entraîne une aliénation réciproque et qui se renforce dans son absurdité suicidaire, un peu comme la logique implacable de l'escalade nucléaire de la guerre froide..

2. Si l'homme est stressé à ce point par son environnement, c'est parce que nous ne vivons pas dans des conditions normales de vie.. et je parle ici de «conditions saines de vie» pour un être humain.. Il y a un manque d'équilibre quelque part.. Et c'est évident lorsqu'on entend les discours dominants sur la performance, le toujours plus de rendement, d'efficacité, etc., toute cette idéologie de l'Usure.. cette folie incommensurable.. Nous ne sommes pas des machines mais des êtres humains.. Cependant, on ne se lasse pas de parler de nous-mêmes comme si nous étions des machines et de se voir en mécanique.. Si nous sommes réduits à n'être que des numéros, c'est parce que fondamentalement il y a quelque chose en nous-mêmes qui persiste, malgré nous, à nous envisager que sous l'angle d'une froide mécanique..

Et pourquoi donc?

Parce que les réponses qui s'offraient dans l'ancien cadre de la religion ont foutu le camp au complet avec les succès de la science.. Et la science n'envisage l'homme que comme une belle mécanique.. Puisque la science domine dans les pensées, nous sommes scientistes.. Nous croyons pouvoir fonder la philosophie sur la science, et de nombreuses tentatives ont eu lieu en ce sens.. Mais la science ne pense pas, c'est une mécanique en elle-même, et nous nous retrouvons emportés par elle comme par un tsunami.. Les chiffres et les nombres et les équations ne pensent pas: nous en faisons ce que nous voulons.. Or qui décident des plans? des objectifs? Et en fonction de quoi? Cela aucun chiffre ne peut nous le dire.. Quelles sont nos priorités? Plus de profits? Moins de profits mais une meilleure qualité de vie pour tout le monde? L'éducation? Qui décide de tout cela et comment? Il n'y a aucune formule toute faite pour ces problèmes, arrêtons donc d'être suffisants..

Nous faisons nos fiers avec la science et la technologie moderne, mais nous nous retrouvons dans la même situation que le riche qui a tout et qui trouve quand même le moyen d'être malheureux.. Nous évaluons un peu trop souvent la qualité de vie au PIB et à l'abondance de biens matériels.. Mais que faites-vous du malaise spirituel, existentiel, et du vide qui nous oppresse intérieurement? Où se trouve donc l'«essentiel»?

De cela personne n'en parle, et c'est même mal vu selon notre esprit hautement «pragmatique», tourné uniquement vers ce qui est saisissable des deux mains.. On nous prescrit alors des pilules à la place en croyant que ça va passer..

Ooooooooooh, Brave New World!

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