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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 26 novembre 2015

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Je n'arrive pas à trouver un emploi. Les employeurs voient bien que je n'en ai plus rien à foutre. Et je me fous même qu'ils voient que je n'en ai plus rien à foutre. Je n'en ai plus rien à foutre depuis longtemps. De tout. De leurs emplois, de leurs salaires, de leurs visions, de leurs gueules. En fait, j'ai envie de leur casser la gueule à ces robots. Et ça doit paraître. Je déteste ces gens. Je déteste le système. Je déteste la machine à viande dans laquelle je me sens pris. J'étouffe dans ce monde standardisé, normalisé, régularisé, conformisé, totalitarisé. Je n'ai pas envie de consommer comme tout le monde. D'être comme tout le monde. Je n'ai aucun besoin d’appartenance, et je crois que c'est pour ça que le monde me craint: ils voient la menace au troupeau, la non-conformité, le cauchemar infernal de l'anomalie dans les procédures...

J'ai l'impression que plus nous évoluons technologiquement, plus le monde devient oppressant, car non seulement l'homme veut ressembler à une machine, mais les autres aussi veulent que nous soyons comme des machines. Ils tendent à vouloir qu'on soit à l'image des outils avec lesquels ils travaillent tous les jours. Ils sont tous d'accord pour voir le cerveau à l'image d'un ordinateur, et l'homme à l'image d'un cyborg peu évolué en voie d'amélioration.

Les ordinateurs ne peuvent pas réfléchir, mais ils nous ont permis de constater que les hommes, quand ils parlent, se contredisent aux deux phrases. C'est pourquoi le fait d'être idiot est valorisé, et bien perçu. Il n'est pas honteux d'être idiot, de faire le con, sans doute parce que ça prouve qu'on est humain, toujours par rapport aux machines et à leurs computations. Vous voyez: on se définit toujours par rapport aux machines. On ne peut en sortir. Nous sommes littéralement enfermés dans ce paradigme.

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