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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 1 mars 2011

La «gauche» et la «droite» en tant que lobotomie..

1. J'ai écouté l'entrevue de Pamela Geller par Richard Martineau, mes impressions: une autre folle dans le genre de Ann Koulter, qui cherche l'«ennemi», pour qui tout est «noir ou blanc», et Obama est un «communiste», tout comme le Canada est d'ailleurs un État «communiste», et le mot de George Bush either you are with us or against us est parole d'Évangile.. Comme d'habitude avec ce genre de femmes extrémistes, voire hystériques, on fout tout dans le même sac et c'est réglé.. Keep it simple stupid..

En effet, la politique aux États-Unis n'est pas un «dialogue», c'est une lutte éristique et rhétorique entre des dogmes politiques de gens qui ont une compréhension superficielle des choses, et c'est en quelque sorte, une nouvelle «religion».. Mais je crois que tout cela n'est pas nouveau: ce ne sont que de bons vieux puritains, comme avant.. Et ces sophistes, propulsés par les médias, ont un certain succès..

Ce qui m'a donné envie de lire L'éthique de la discussion de Habermas afin de m'opposer à tout cela, à ce «verrouillage bipolaire», à ce genre de mentalité absolument fermée à toute pensée et à tout dialogue..

2. Je crois que la distinction gauche/droite a été jusqu'à maintenant la plus funeste à la politique.. Elle permet surtout de n'y rien comprendre, de tout mélanger ou de tout foutre dans le même sac..

C'est la même chose en ce qui concerne la distinction bourgeoisie/prolétariat: l'on ne sait plus de quoi l'on parle aujourd'hui lorsqu'on utilise ces catégories surannées, et de gros livres sont écrits pour essayer de savoir qu'est-ce au juste que la «bourgeoisie», etc.

3. Il est important de comprendre la nouvelle donne politique depuis le nazisme et le communisme, en fait, depuis la 2e Guerre mondiale au moins, puisque toute la politique est pensée sur arrière-fond des atrocités commises sous ces deux régimes qui sont carrément identifiés, en bloc, comme le Mal.. Or les gens ne connaissent le plus souvent de ceux-ci que les «camps» et le «goulag», et ne connaissent rien de leurs particularités politiques.. c'est-à-dire comment ils fonctionnaient concrètement.. et surtout, pourquoi ceux-ci se sont-ils imposés comme choix politiques..

Comprendre est toujours plus difficile que de s'effrayer, ou de tout diviser en oppositions bipolaires, ou encore d'apposer des étiquettes..

4. Exemple de la confusion engendrée par la distinction gauche/droite: si je vous parle de l'extrême droite, vous pensez immédiatement au nazisme.. Or le nazisme était un national-socialisme, et le socialisme est de gauche comme tout le monde sait (par un réflexe pavlovien), alors le nazisme est un régime de gauche..

5. Pamela Geller a beau dire que le débat, si on arrête de se fourvoyer mutuellement avec ces fausses distinctions, a lieu en réalité entre l'«individualisme» (supposons la droite) et l'«étatisme» (supposons la gauche), on comprend de même mal cette nouvelle distinction, qui n'est pas évidente..

6. L'«individualisme», c'est quoi pour commencer? Et l'«étatisme»?

7. On peut penser: «Ah oui, l'individualisme, ça le dit, ça favorise l'individu, c'est pour la liberté de l'individu, la libre entreprise, l'innovation, le dynamisme, etc.» On peut penser aussi: «Ah oui, l'étatisme, il n'en faut pas trop, sinon c'est lourd, statique, paperasse, bureaucratie, et au bout du compte, communisme..»

8. C'est bien. Donc ce qui est bon pour tous, c'est l'individualisme n'est-ce pas? Éliminons donc l'État pour avoir alors le plus de «liberté» possible.. Que reste-t-il? -Un capitalisme sauvage et des entreprises privées qui ressemblent à des pushers de crack dans le Bronx.. Allez faire un tour à Détroit pour le fun, où il n'y a pratiquement plus de police, tout le monde est absolument «libre».. Imaginez cela à la grandeur du pays.. Dans cette situation, il n'y a même plus de Droit comme tel.. Sans État, tout est «ouvert».. Alors, on nous envahit.. puisqu'il n'y a plus de «cohésion».. Oubliez l'«anarchisme» qui n'est qu'une jonglerie théorique d'intellectuels vouée d'avance au désastre..

9. L'individualisme, alors, n'est pas nécessairement un «ami».. C'est plutôt une tendance «asociale», désorganisatrice, si on le pousse jusqu'au bout..

10. Et en ce qui concerne l'«étatisme», qui est vu comme un certain mal: si l'État n'était pas intervenu lors du dernier krach boursier, en Europe comme aux États-Unis, nous aurions pris un très grand coup.. Et le pire est peut-être à venir..

11. Aussi, de croire que la libre entreprise peut réellement se passer de l'État, comme si tout le monde pouvait faire sa petite affaire dans une bataille des égos et un équilibre qui s'établit naturellement par la concurrence, c'est être mal renseigné sur la réalité économique d'aujourd'hui.. À ce sujet, L'État prédateur de James K. Galbraith..

C'est plutôt le contraire qui se produit, à ce que j'ai compris rapidement en feuilletant ce livre: les entreprises ont besoin de l'«État» (existe-t-il encore? un entremetteur?) plus que jamais pour survivre, et profiter du détournement par l'«État prédateur» des fonds publics au profit des intérêts privés, etc. Il y a peut-être alors plus de faux discours qu'on pense, je pense ici, entre autres, à celui du «libéralisme», etc.

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