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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

samedi 3 juillet 2010

L'atemporalité profonde et réelle de la conscience

Pour écrire quelque chose, il faut avoir quelque chose à dire, or, je n'ai rien à dire de particulier.

Des fois j'ai l'impression d'avoir déjà subi une lobotomie. J'étais à l'hôpital tantôt, et la médecin stagiaire me demande : «Ça remonte à quand votre opération? En quelle année?» Moi : «Hmmm, sais pas. Autour de 2000... non, après 2001, ah... je sais plus.» Elle : «Vous prenez ce médicament depuis quand? Vous avez commencé à le prendre avant ou après l'opération?» Moi : «Avant ou après, hmmm, bonne question... Je pense que j'ai commencé à le prendre avant, hmmm, non, je crois que j'ai commencé à le prendre presque en même temps finalement... je sais pas.»

Je ne vis pas dans le temps. Je n'ai jamais vraiment eu de notion du temps. Donc, tout est comme dans un brouillard pour moi, les époques se chevauchent souvent, ça ne me déplaît pas, c'est juste que j'ai l'air perdu des fois pour les autres, mais je m'en fous.

Ça pourrait paraître étrange, mais j'ai l'impression de vivre depuis toujours dans une sorte d'atemporalité ou d'intemporalité. J'ai souvent l'impression d'être éternel et que je vais revenir dans les endroits où j'ai habité. Je suis comme une vaste mémoire de l'éternel qui plonge dans le particulier, mais qui n'oublie jamais ensuite de s'ouvrir vers l'universel. Je fais toujours ce mouvement, je n'oublie jamais. Je regarde ma vie, et ensuite la nuit je regarde le ciel étoilé et je pense à toutes ces choses que je n'ai pas vécues, ou que je n'ai pas encore vécues.

Je n'arrive jamais à suivre le calendrier, les heures, les semaines, les saisons même. Tantôt je marchais dans les allées remplies d'arbres du parc Lafontaine et je les imaginais remplies de neige et de glace : du coup, je sentais ma solitude dans ce parc «désert», alors qu'il s'y trouvait plein de gens assemblés pour jouer au soccer, faire des barbecues, etc. Je regrettais presque de ne pas être en hiver. Mais en même temps je me disais que si j'étais réellement en hiver, je m'imaginerais en été avec plein de gens dans le parc baignant dans une ambiance festive, ce qui me fit penser que j'étais tout le temps insatisfait d'une façon ou d'une autre, ou que je me sentais «incomplet», «imparfait», car j'étais toujours projeté dans le temps, en avance sur moi-même, en même temps qu'en retard sur tout mon passé auquel je n'ai pas encore pris le temps de penser suffisamment ou d'en faire le tour «une fois pour toutes»...

Mais ce genre de chose n'arrive jamais. On n'en finit jamais de trouver de nouvelles dimensions à son vécu, et finalement, on entre dans le passé comme on revient méditer sur l'avenir. Ceci témoigne de l'atemporalité profonde et réelle de la conscience.

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