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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 21 avril 2016

Le cerveau et la stratégie

J'ai découvert, depuis quelques jours, un phénomène particulier avec le cerveau. En jouant à un jeu en ligne, The Last of Us, pour ne pas dire le nom (oui, je suis en train de le recommander), je me suis aperçu par accident en changeant de jeu que le cerveau reste dans la stratégie du jeu précédent.

Par exemple, quand je joue aux échecs, j'ai habituellement en tête la stratégie de la littérature échiquéenne en tête, ce qui ne produit pas toujours de bons résultats en blitz. La raison à cela est, j'ai l'impression, que cette «théorie des autres» produit comme un écran mental qui m'empêche de jouer «naturellement», spontanément, et me fait manquer des opportunités créatives en rapport avec la position toujours particulière.

Ma théorie est que le cerveau a de la difficulté à changer rapidement de stratégie et qu'il reste comme «imbibé», pendant un certain temps, des activités qu'il faisait juste avant de changer d'activité.

Cet effet est plus fort au début d'une nouvelle activité avec une stratégie complexe, mais s'estompe graduellement quand on pratique souvent la nouvelle activité et qu'on passe ensuite à un autre jeu.

Donc, pour conserver les effets bénéfiques de cet effet, il ne faut pas jouer trop souvent au jeu qui imbibe le cerveau de cette «bonne» stratégie pour un autre jeu.

Cet effet si particulier s'est déjà produit en jouant à d'autres jeux en ligne, mais The Last of Us, avec sa stratégie particulière et complexe, est le premier jeu à produire, chez moi, un effet extrêmement créatif aux échecs, et qui me fait gagner d'une façon vraiment originale, tellement, que je ne reconnais pas mon jeu.

Ceci vient donc changer ma perspective sur les activités «autres»: il n'est pas nécessaire de faire toujours la même activité pour y devenir meilleur, mais au contraire, il peut être hautement bénéfique de faire une tout autre activité complètement pour devenir meilleur et plus créatif dans l'activité cible.

Ce pourrait être une autre des raisons qui expliquent pourquoi il est bénéfique de faire des sports d'équipe, surtout quand ils sont complexes, pour l'amélioration générale des performances mentales.

Le cerveau gagne toujours à faire beaucoup d'activités complètement différentes.

C'est un peu comme le «pool génétique» qui gagne et devient plus fort à être «mélangé», tandis que le manque de diversité finit par créer des «tares», des manques ou des carences.

Il n'est pas vrai que la spécialisation «à outrance» nous rend toujours meilleurs dans ce que l'on fait. Si la créativité et l'innovation sont ce qui permet vraiment de nous rendre meilleurs, il est donc important et vital de varier ses activités de façon raisonnable, mais pas toujours «rationnelle», ce qui viendrait réfuter tout ce que j'ai dit précédemment. Car après tout, qu'est-ce qui vient justifier rationnellement, a priori, de jouer à un jeu de «guerre» en ligne pour devenir plus créatif aux échecs? C'est un effet inusité, et ce n'est qu'en essayant qu'on le découvre...

Et pour le découvrir ça prend juste de la curiosité, et un peu de chance.

Cette heureuse trouvaille ma fait découvrir que les échecs sont davantage une «guerre» qu'un jeu purement «intellectuel».




1 commentaire:

  1. Tout à fait d'accord. L'apprentissage d'une autre langue, d'un nouvel instrument de musique, d'un nouveau médium, d'un nouveau jeu, d'une nouvelle flamme, tout ça nous incite au dépassement. On tient pour un défaut dans certains milieux de toucher à tout. Je crois, au contraire, que c'est une qualité pour tout vrai amoureux de la sagesse. Les gens de la Renaissance l'avaient compris. Viser l'universel: la peinture, la musique, la poésie, la biologie, les mathématiques et tout le reste. C'est ce qui distingue ceux qui voient clair de ceux qui sont des spécialistes ou bien des "fabricateurs de discours inutiles" (Daumal, La grande beuverie).

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