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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 14 avril 2016

La loi sur l'aide médicale à mourir: un total manque d'empathie à l'égard des souffrants

La nouvelle loi sur l'aide médicale à mourir peut sembler être un grand pas en avant, mais ce n'est pas assez.

Pour avoir droit à cette aide, ou au suicide assisté, il faut cependant être mourant.

Or, il y a des gens qui souffrent énormément et qui n'attendent que de mourir, mais qui ne sont pas pour autant «mourants»...

Que fait-on avec ces gens? Les laisse-t-on s'organiser pour trouver une façon de se suicider par leurs propres moyens?

C'est ce qui est arrivé à un homme qui s'est essayé par deux fois, mais qui n'a pas réussi à se tuer, il s'appelle Jean Brault.

Cet homme a eu un caillot dans la région du cervelet et du tronc cérébral vers l'âge de 19 ans, ce qui normalement l'aurait conduit à être alité une bonne partie de sa vie, mais il a décidé de se battre. Je ne connais pas tous les détails, mais il aurait réussi à recommencer à marcher partiellement et à parler, et à avoir une vie avec une «qualité acceptable», selon ses dires. Mais en 2000, sa vie a changé et il a commencé à souffrir terriblement.

C'est à ce moment qu'il aurait aimé pouvoir bénéficier des soins en fin de vie, mais il y avait un problème: il n'était pas mourant...

Jean Brault a donc dû souffrir davantage pour qu'on lui accorde finalement ce qu'il aurait dû avoir au départ, si on avait eu un minimum de bons sens au gouvernement: il a entrepris une grève de la faim de 53 jours, ce qui l'a conduit au seuil de la mort et l'a donc, par le fait même, rendu admissible à l'aide médicale à mourir...

Il est totalement inacceptable et cruel que l'on pousse des gens à cet extrême pour pouvoir bénéficier d'une aide médicale à mourir à laquelle ils devraient normalement avoir droit, selon un jugement qui a été rendu en 2015 à la Cour suprême du Canada (arrêt Carter)...

En ce sens, cette loi dont on semble si fier au gouvernement est très décevante, et elle représente, encore une fois, un total manque d'empathie à l'égard des personnes souffrantes dans la société.

C'est une autre de ces lois faite par des politiciens, pour la gloriole des politiciens, mais pas pour les personnes concernées.

3 commentaires:

  1. J'ai travaillé 4 ans en milieu hospitalier dans les années '90. Il y avait un code, le Code 100, qui signifiait que la personne identifiée comme étant un Code 100 ne serait pas réanimée si elle avait un arrêt cardio-respiratoire. Pour l'aider à atteindre cet état, on augmentait la dose de morphine jusqu'à ce qu'elle soit aux frontières de la létalité. C'était pour ainsi dire une forme déguisée d'euthanasie que les médecins pratiquaient. La nouvelle loi leur demande d'en faire un peu plus et c'est possible qu'ils rechignent un peu par crainte de poursuites criminelles. On légalise une forme de suicide assisté mais pas toutes les formes. Les formes parallèles demeurent, jusqu'à preuve du contraire, des actes criminels. Le médecin n'a pas envie de finir ses jours en taule. Il va y aller avec les limites de la loi. Par ailleurs, on parle d'aide médicale à mourir dans des circonstances exceptionnelles où il est clair que la personne ne sera jamais guérie. Ce n'est pas si facile à établir. Le livre Final Exit de Derek Humphry énonce des manières de se suicider soi-même sans recours à l'État. Cette option n'est pas facile mais c'est beaucoup plus rapide que de s'en remettre à l'État pour disparaître. Vivre est un droit. Mourir demeure encore... un privilège!

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  2. On devrait avoir le droit de mourir quand on le veut. Pour l'instant, c'est l'État qui décide à notre place. On ne respecte pas l'individu, nos choix, et la responsabilité de nos choix. C'est une forme d'infantilisation, qui finalement, rend l'État indispensable.

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  3. Il s ' agit de + que de l ' empathie , de + que de l ' amour de l ' autre : du respect -
    Il faut anticiper ce manque de respect si communément répandu -
    Savoir qu ' on peut se suicider , envers et contre tous ces cons et connes , partir , dire au revoir à ce monde merveilleux , vers d ' autres rivages non-moins émerveillés -

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