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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

samedi 2 avril 2016

La saleté est sous le tapis

Dans nos démocraties libérales, on se croit beaucoup mieux que d'autres pays ou d'autres époques, mais l'essentiel reste là, reste le même: la saleté n'a été balayée que sous le tapis.

Même avec toutes les lois du monde, l'être humain trouve toujours un moyen de tout pervertir, de tout contourner: la saleté devient plus «subtile». Elle s'adapte aux nouveaux systèmes, elle devient plus «hypocrite».

L'être humain pervertit dans son principe même les meilleures intentions (je pense ici, entre autres, à l'exemple le plus frappant: le communisme).

Tout se transforme toujours en parodie.

Dès qu'une chose devient «officielle», reconnue par tous, elle devient automatiquement une parodie.

Ce qui est «commun» n'a aucune valeur.

Et c'est peut-être aussi la pire objection contre le socialisme.

La raison possible, c'est que l'humanité, en tant qu'organisme total, cherche le dépassement.

Et le dépassement, c'est ce qui est hors et au-delà du commun.

Le dépassement, c'est ce qui est difficile, et généralement ce qui demande le plus d'effort, sauf pour les génies, qui ne savent d'ailleurs pas toujours quoi faire de leur «génie».

L'être humain cherche toujours à se différencier en tout, mais en même temps, il veut être accepté par son milieu, il veut être accepté socialement, il veut être «comme les autres». Et quand il ne réussit pas à se «différencier», il prône l'égalité (peut-être un peu à contrecœur). Deux ambitions contradictoires l'habitent.

Voilà une des coutures du «Mal».

Cela tient à la façon dont l'être humain est fait.

Sans l'avarice de certains, qu'on a envie d'égorger, et qu'on égorge parfois, nous serions peut-être encore à l'âge de pierre.

L'avare ou l'ambitieux (prêt à tout pour «réussir») force les autres à faire quelque chose, il les force à intervenir, à s'organiser: il les force à trouver des solutions contre quelque chose qu'ils trouvent être «mal».

En même temps, il faudrait comprendre qu'est-ce qui motive l'avare à poursuivre avec autant de force l'objet de son désir «mesquin».

Car l'avare est aussi motivé par l'«amour», la passion, ce qui est une noble chose. C'est l'amour exclusif d'une chose, la volonté de la posséder à tout prix, même au prix de l'«égalité». Il développera autant de ruses pour l'avoir qu'un amoureux qui veut avoir la femme qu'il convoite.

L'avare force les autres à réagir, attire la jalousie, la haine, focalise les envies.

Il force les autres à être «méchants», il les incite à être «mesquins».

Ainsi, pour revenir au sujet, l'être humain est déchiré par le désir d'être une «superstar» tout en voulant à la fois être super accepté socialement, parce qu'il ne veut pas être «seul» avec son pouvoir.

Car, au fond, le «pouvoir» n'est rien s'il n'est pas reconnu par les autres.

Cependant, comme je l'ai dit, dès que le «pouvoir» est reconnu par tous, il est comme approprié par le commun, et devient donc une parodie.

C'est ainsi que le pouvoir se transforme involontairement en une «comédie du pouvoir».

Et que les «Puissants de ce monde» deviennent les «Impuissants de ce monde», alors que tout le monde continue encore de croire à eux...

Nous projetons le Pouvoir comme archétype sur ces gens qui sont réduits à le mimer...

Mais le véritable pouvoir échappe à tous ses prétendants...

Car nous n'avons aucun pouvoir sur la corruption, la dégénérescence, et finalement, la Mort.

La Mort est la tête dirigeante du Mal.

C'est elle qu'il faut attaquer en premier pour que le Bien triomphe sur terre.

Les scientifiques doivent trouver le secret de l'immortalité physique de l'être humain.

Mais cette immortalité doit aussi venir avec l'ingénierie pour transformer les personnes «laides» en «belles» personnes.

Car qu'est-ce que la laideur sinon un handicap permanent?

Si tout le monde peut avoir le Bon et le Bien, tout le monde doit aussi avoir la Beauté.

Personne ne peut voir le sens qu'il y aurait à être un laideron éternel.

Personne ne peut voir le sens non plus qu'il y aurait à être un crétin éternel...

Tout le monde doit donc avoir aussi l'Intelligence.

La seule chose qui pourra alors vraiment nous «différencier» sera la Créativité...

On voit que c'est ici que se croisent concrètement, en partie, l'éthique et l'esthétique, loin des stupides débats universitaires...

L'esthétique est loin d'être à négliger dans ce contexte, et devrait inclure non seulement la beauté, mais l'intelligence.

Les deux doivent venir ensemble, car la beauté sans l'intelligence perd sa valeur, tandis que les deux ensemble s'augmentent l'un l'autre.

Il va sans dire que le Beau est infini, et que c'est même cette Créativité infinie qui fait la beauté du Beau... qui fait son Charme, qui est donc «spécial», différent des autres...

Si tout le monde est beau «pareil», personne n'est beau...

En voulant nous «différencier», nous cherchons inconsciemment à imiter le Charme naturel de la Beauté...

La Beauté circule dans tout l'être: même une démarche peut charmer par sa signature «unique»...

Ainsi en arrive-t-on au Style, etc.

Mais une question subsiste:

Qu'est-ce qui fait le bonheur de l'être humain avec tout ça?

Car à quoi sert-il d'être beau, intelligent, créatif, immortel et malheureux?

Qu'est-ce qui fait le bonheur et le malheur de l'homme?

Car je doute que dans une société parfaite, telle qu'abordée, personne ne soit malheureux...

Par exemple, la Perfection peut inviter avec elle l'Ennui...

Est-ce possible?

L'homme peut-il aimer le Mal pour le Mal lui-même?

Ou comme une façon de se distraire de l'Ennui?

Au fond, peut-être, l'Ennui est-il le Mal absolu?

Et l'Ennui est-il causé par la conscience?

Le Mal serait-il le fait d'être homme et non un simple animal?

Dans un monde parfait, le bonheur sera pas mal plus différent et complexe que le fait d'avoir le dernier modèle d'auto, la maison de ses rêves ou l'emploi de sa vie...

Le malheur sera plus complexe aussi...

Plus profond...

Plus philosophique ou intangible...

Cette «inquiétude» n'est-elle pas le lot de l'homme? Qui dès qu'il obtient ce qu'il veut ne peut plus en jouir?

L'aiguillon qui le pousse au bonheur le pousse en quelque sorte aussi au malheur...

Son bonheur contient le germe de son malheur?

Ceux qui sont les moins «satisfaits» vont se reproduire le plus?

Il ne faut jamais oublier dans toutes ces réflexions que nous ne connaissons jamais le but de l'Espèce humaine sur la planète Terre...

Et répondre à cette question, c'est finalement répondre à la plus grande question existentielle:

«Pourquoi l'homme?»

Qui répondra ultimement à la question du «sens de la vie».... et je dirais même plus: à la question du «sens de l'être» (Heidegger).

4 commentaires:

  1. Ce ne sont pas les réponses mais les questions qui rendent l'univers infini.

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  2. J'aimerais que les questions en fassent autant pour mon portefeuille.

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  3. L'argent c'est pour les gérants de caisse populaire qui portent des costumes drabes.

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  4. Ça me fait rire qu'on parle d'argent, parce que je suis allé en très bel habit pour un emploi de conseiller financier et le directeur qui m'a parlé m'a dit qu'il faisait 300 000$ par année, presque tout de suite après je lui ai dit que j'étais sans revenu... Quand je l'ai quitté, j'ai senti dans son allure que je lui avais fait perdre son temps et que je n'aurais plus de nouvelles de lui ni de sa compagnie (malgré qu'il avait dit qu'il allait m'envoyer des choses par courriel): c'est effectivement ce qui est arrivé! J'ai été subitement oublié!

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