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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 12 novembre 2010

Retour sur le Cogito ergo sum

1.Descartes me tanne...

2.Pourquoi dire: je pense, DONC je suis?

3.Pourquoi faut-il déduire l'existence de la pensée, alors que je peux tout simplement dire «je suis»?

4.Et pourquoi faut-il déduire l'existence de la «pensée» précisément, alors que je pourrais tout aussi bien la déduire de n'importe quelle autre action?

5.Je chie, donc je suis. Il faut encore que je sois pour pouvoir chier. Et nous revenons à l'action: si j'agis, je suis effectif, donc je suis «réel», je suis tout court.

6.L'«être» est-il si problématique? Pourquoi faut-il se convaincre qu'on est? Étrange...

7.Cogito ergo sum version améliorée: «J'ai mal aux dents, donc je suis».

8.Kant dit que le cogito ergo sum peut se traduire par «j'existe pensant» ou «je pense, donc j'existe», mais que l'existence ne s'ensuit pas nécessairement du fait d'être pensant, sinon tous les êtres pensants existeraient nécessairement. C'est la majeure qui pose problème: «Tout être pensant existe»: elle dit trop... On va objecter: mais est-il possible qu'il y ait jamais d'«êtres pensants» qui n'«existent» pas à la fois? Cela semble absurde, n'est-ce pas? -Oui, possiblement: donc, dans un sens comme dans l'autre on est cuit: le simple fait d'agir me confère l'existence. Mais, les choses «agissent», existent-elles alors dans le même sens que moi? Problème... Ou alors comme solution: elles n'«agissent» pas proprement, elles «réagissent» tout au plus, elles sont mécaniques... Toute la réalité ne revient donc qu'à moi en dernier ressort: il n'y a donc QUE moi de réel... Autre problème: comment puis-je «être» alors que tout le reste n'«est» pas? Finalement, dois-je admettre enfin que c'est le concept d'«être» qui pose problème? Il est entendu en deux sens ici.

9.Plus généralement: «J'agis, donc j'existe.»

10.Sartre s'amuse en y faisant rentrer le temps: «Je pense, donc j'étais». Je ne peux jamais arriver à une déduction, je ne peux jamais arriver au présent concret, une mince couche de temps sépare toujours l'acte de pensée du jugement «donc, je suis». Le jugement est un acte de réflexion, or une réflexion ne peut être «immédiate».

11.Le «je pense, donc je suis» n'est donc que de la littérature, encore une fois.

12.Il ne sert à rien d'autre qu'à flatter l'homme dans le sens du poil en lui rappelant sa dignité, parmi toutes les autres créatures du Royaume, d'être «pensant». Mais on pourrait demander alors: qu'appelle-t-on penser? Quand on observe les grandes logiques nationales et mondiales, on se rend compte que ça se comporte comme de la mécanique, comme des instincts animaux parfois, est-ce que c'est pensé tout ça? -Non. Ça se fait tout seul: la course à l'arme nucléaire, l'État policier, la destruction de l'environnement, etc.

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