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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 18 octobre 2010

Schelling et sa conception de la philosophie

Je lisais il y a quelques semaines le livre II de la Philosophie de la Révélation de Schelling, du bon vieux stock de 1854! Il faut dire que je n'avais passé au travers du livre I qu'avec peine, après des lectures concrètes en philosophie politique, j'étais passé à la métaphysique et ça m'a m'avais causé plus ou moins un choc, surtout pour la complexité du propos. J'avais goût d'abstractions: j'ai été servi.

Le passage du livre II qui m'a réveillé de mon sommeil de cuisinette parle de la possibilité de la philosophie, et par conséquent, de la «sagesse». C'est le temps d'attacher vos ceintures...

«Si l'homme aspire à une connaissance qui est sagesse, il doit supposer que dans l'objet de cette connaissance il y a aussi sagesse. C'est un axiome qui date déjà des époques les plus anciennes de la philosophie grecque: "tel est le connu, tel le connaissant" et inversement. [...] Il n'y a aucune sagesse pour les hommes s'il n'y en a pas dans le cours objectif des choses. Le premier présupposé de la philosophie, comme effort vers la sagesse, est donc que dans l'objet, c'est-à-dire dans l'être, le monde lui-même, il y a sagesse. J'aspire à la sagesse veut dire: j'aspire à un être posé avec sagesse, providence, liberté. La philosophie présuppose non pas un être de hasard, mais un être surgissant dès le début avec sagesse, providence, et donc liberté.» p.50-51

Autrement dit, si j'aspire à la sagesse, il m'est impossible de l'atteindre si je crois que le monde est hasard et chaos. Je dois présupposer dans le monde, tout ce qui est, l'être, une sagesse préalable à découvrir par moi-même. Sans cette condition préalable ou présupposition, la sagesse est impossible, voire contradictoire. En effet: s'il n'y a aucune sagesse dans le monde, comment pourrait-il y en avoir en moi-même?

Cependant, nous disons que cette présupposition est nécessaire à la possibilité de la sagesse, mais non pas que la sagesse soit possible ou même existe effectivement. Le monde est peut-être absurde de part en part... Après tout, c'est peut-être à nous de décider de ce que nous y voyons afin de le réaliser en nous-mêmes. Par conséquent, si, de prime abord, nous ne voyons qu'absurdité dans le monde, nous sommes nécessairement condamnés à être absurdes... En fin de compte, c'est une sorte d'avertissement aux nihilistes et autres pessimistes du même genre. La philosophie est par essence optimiste et créatrice de valeurs.

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