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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 15 février 2010

Un mot sur l'amour

Ce billet fait écho à celui de Gab sur son blog Je devrais écrire. Ce n'est pas une attaque, mais seulement l'expression de mon point de vue.

J'ai été longtemps autoanalysant, c'est-à-dire que je jouais au jeu de l'introspection des psychologues et de la psy pop qui envahit toutes les sphères de notre vie (aujourd'hui j'appelle ça jouer à l'autruche, mais en soi-même). Ça fait objectif, scientifique et intelligent, et surtout neutre et froid : je cherche les motifs qui me font agir, je veux connaître les causes de telle émotion, telle excitation, telle pensée, etc., et je me nourris par conséquent de moulte biologisme et psychologisme faisant de moi un animal entièrement déterminé qu'on plogue et déplogue comme un réfrigérateur. Cependant, après avoir «tout» analysé (attention, vertige!), l'autoanalysant aura au moins oublié d'analyser ce tic nerveux qu'est devenue aujourd'hui cette autoanalyse de merde à la Freud.

C'est lorsqu'il y a un problème avec la mécanique qu'on cherche à savoir comment ça marche, autrement, tout va comme sur des roulettes, et normalement, tout devrait aller comme sur des roulettes. Au moment où je n'avais aucun motif d'agir et aucune volonté, je cherchais les motifs qui me faisaient agir, et si j'en avais des restants, ils ont été proprement réduits en miettes. Même chose pour tout ce qui se rattache à l'amour et aux émotions, fortes ou pas. On veut savoir pourquoi on pleure, pourquoi on rit, pourquoi on aime, pourquoi on bande. Le biologiste et le psychologue sont contents là, parce qu'ils vont avoir un nouveau client à grinder. C'est pas compliqué : on tue l'amour quand on en cherche les causes jusqu'au bout, et on tue aussi la volonté. Pourquoi? Parce qu'on les réduit à de simples «causes» toujours, au bout du compte, inventées par soi-même, dans un schéma de causalité où tout n'est que matière plate et banale et prévisible et sans valeur autre que mercantile ou énergétique. Comment puis-je voir cela autrement que comme un symptôme d'autodestruction typique de notre époque? Chérie, je t'aime parce que tu causes une libération de dopamine dans mon cerveau, et que ton bassin est de la taille idéale pour faire des bébés !?

Mon objection à toute cette rage de se réduire en miettes et en ramassis de boyaux en évolution c'est : on ne sait jamais totalement pourquoi on aime, ni pourquoi on veut. Oubliez les hormones, les phéromones, la sélection des «plus forts» et les stupides théories évolutionnistes, et surtout ce ridicule et excité Richard Dawkins (probablement un prêtre dans le placard) qui passe son temps à nier l'existence de Dieu, autrement dit, d'une chose farfelue qu'il ne peut objectivement ni nier ni affirmer, tout autant que les anges, les Loas, Sammonocodom, ou autres conneries.

Pour finir : comment peut-on réfuter avec des raisons ce qu'une personne croit sans raisons? (avertissement : cette dernière phrase constitue une digression totale) Le racine du problème n'est pas la croyance même, mais le fait de croire. Qu'est-ce qui nous pousse à avoir ce genre de croyances, pourquoi croit-on, comment croyons-nous, et surtout, pourquoi veut-on croire? Il faudrait s'intéresser davantage au phénomène de la croyance de type religieux, ou plus généralement, de la croyance à des motifs premiers et à des fins dernières destinés à orienter et donner un sens à l'action dans le cadre plus général d'une interprétation du monde. En ce sens, Dawkins ne résout en rien le problème, il ne fait que rejeter ces croyances comme telles, sans s'intéresser au phénomène, pour mieux se draper dans ses extrapolations évolutionnistes qui ne sont finalement que d'autres croyances, mais à saveur scientifique.

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