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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 8 février 2010

La solitude des hôtels de passe


Je me souviens des années où j'ai habité dans des hôtels de passe. Lits inconfortables, raides, trafic et bruits constants, tapis à poils courts, rudes et vieux, usés, troués par endroits, fenêtres sales, éclairage oblique, meubles de fortune, draps troués, peinture défraîchie, odeurs de cigarette, d'alcool, d'humidité, etc. Je me sentais perdu là-dedans, je n'avais plus de vie. On pouvait entendre des chambres avoisinantes la putain qui faisait sa passe. Seul dans le noir dans mon lit, je fantasmais dans les décombres, entouré de vêtements sales, de cendriers remplis, de maquillage et de parfum. Ça sentait les poules à la recherche d'un client. Puis, les putains arrivaient dans la chambre avec leur tonne de came. C'était toujours la fête, et je n'avais pas le temps de me remettre de plusieurs heures de buzz, voire des jours, qu'on m'en refoutait. J'étais accro. Accro de tout, de la drogue, de la nuit, du sexe, des hôtels miteux, de la descente aux enfers et de la volupté des dépotoirs. On vient à aimer le vice pour le vice, l'esprit se tord, le corps aussi, on devient fou. Puis, on s'enfuit... On s'enfuit loin de tout ça en espérant ne plus jamais revenir. On laisse les amours derrière, on se sauve entre deux clients, on laisse tomber celle qui voulait tout arrêter et refaire sa vie avec soi, on brise l'espoir comme un salaud, même si on sait qu'il y aura des pleurs cette nuit-là.

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