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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 18 février 2010

Insipidité totale de l'existence

Insipidité totale de l'existence. Envie de rien, même pas de sexe. Rien ne m'excite, rien n'anime mon esprit, mes fantasmes, tout est plat. J'enfile les livres indifféremment comme des tranches de jambon froid, ça ne me fait ni chaud ni froid. Je me dis à quoi bon? à quoi bon? En effet, à quoi bon tout savoir? À quoi bon en savoir plus sur cet Heidegger qui fut longtemps mon inspiration philosophique? Il est bien possible qu'il ait été effectivement nazi jusqu'au bout des ongles, et jusqu'à la fin de sa fin, et que toute son oeuvre ne soit que la radicalisation de la doctrine nazie, mais bien voilée, bien dissimulée. Est-il possible alors que j'ai fait tout ce travail en vain? Que je me sois fait fourrer par ce filou germanique en culottes courtes? C'est possible. J'ai alors un foutu nazi qui occupe presque le tiers de ma bibliothèque, et une bonne partie de mon esprit. J'intitulerais ma thèse : «Être et temps perdu», pensée perdue, argent perdu, tout ce que vous voulez. Après tout, lorsque j'y pense, je savais depuis longtemps que sa femme avait été antisémite. Comment est-il possible de rester toute une vie avec une femme antisémite si on n'est pas soi-même antisémite? C'est ce qui pour moi, aujourd'hui, fait pencher la balance en faveur de la thèse d'Emmanuel Faye. Ce Heidegger est alors loin d'être un penseur «cosmique», mais bien «terre-à-terre». Toutes ces années perdues à l'étudier. Ce n'est qu'un ramassis de merde nazie? Au fond, pendant toutes ces années, je n'ai jamais fait de philosophie. Je n'ai fait que me faire bourrer le crâne de charabia assez abstrait ne permettant à personne de savoir de quoi l'on parlait vraiment. Moi-même je devenais un expert en charabia et je m'en servais comme d'un Sieg Heil! Je ne sais pas ce que je vais faire, je vais peut-être me recycler dans le jardinage ou le macramé. Je vais réfléchir sur ce fait qui m'a échappé pendant toutes ces années de bûchage universitaire : il n'y a pas de pensée neutre, et surtout pas en philosophie, et cet autre fait : il n'y a pas de philosophie, mais que des intérêts individuels déguisés en philosophie. Fais attention à l'abstraction et essaie de voir l'intention générale qui est derrière tout ça. Et surtout, surtout, surtout, intéresse-toi donc de plus près à ceux qui essaient de te passer leur camelote. Mais bon, j'ai dit que je penchais en faveur de la thèse de Faye, je n'ai pas dit que j'étais entièrement d'accord. C'est ce qui est fatigant avec Heidegger : on doit toujours scruter à la loupe le moindre de ses propos. On n'en finit jamais avec la question de son nazisme; il y a plein de preuves pour, plein de preuves contre, sur le fait qu'il a changé d'idée, etc., ou encore qu'il est resté le même, mais qu'il a dissimulé davantage sa pensée par la suite, etc. Faut voir. 

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