Pages

«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 8 février 2010

Dureté et sexualité

J'ai compris ce matin en me levant J'ai été dur et cruel. J'ai compris que si j'avais eu certains problèmes, c'était bien, c'était une bonne chose pour moi, quelque chose se devait de me ralentir, de me refroidir, de me faire désespérer; j'étais peut-être mieux sans but et de tourner en rond dans la sexualité débridée. J'étais trop méchant, mais je ne m'en rendais même pas compte. J'étais même méchant et cruel envers moi-même. Je l'ai été toute ma vie. Comme ça. Toute ma vie, un massacre de moi-même et des autres. Je ne sais pas si c'est parce que ma mère est partie trop tôt, c'est peut-être possible, en tout cas, elle aurait pu au moins servir à freiner mes élans d'impitoyabilité. Tous les enfants sont plus ou moins cruels, et je crois toujours que j'étais un enfant particulièrement doux comparé aux autres, mais lorsque j'y repense il m'arrive souvent de me dire J'ai fait ça moi? et Comment ai-je pu faire ça? et Je n'ai même pas rien ressenti en le faisant. Oui, j'étais méchant; je n'avais pas de conscience. J'étais indifférent à la douleur qui n'était pas mienne. Ceux qui souffraient étaient pour moi des faibles. Plus tard, dans ma maturité, c'était ambigu, mais je voulais mourir, et j'aurais accepté que le plus fort seulement l'emporte même si j'avais à souffrir ou à périr. Que le plus fort l'emporte, pensais-je à cette époque. Je n'en avais plus rien à foutre de moi. Pourquoi tant de violence en moi-même et contre moi-même? On me dira La violence c'est la vie, oui bien sûr, mais je n'en veux plus de cette vie là. Les femmes aiment les guerriers, et j'ai toujours été raide. Elles le rejettent autrement comme un faible. Elles ne peuvent pas aimer une queue molle ou un lâche, et ce sont pratiquement des synonymes. Ma sexualité a toujours été très forte et je l'ai souvent ressenti comme une violence exercée envers moi-même, au point où je voulais me couper la queue. Je ne m'en plains pas, mais je ne comprends pas les hommes mollasses et ambigus et assis entre deux chaises. Ce que je déteste le plus ce sont les hommes qui hésitent : au pire casse-toi la gueule, tu auras au moins essayé. Essaie, ose, teste tes limites, soit audacieux, courageux, ou peut-être méchant, mais pas trop quand même. Soit fair-play : notion que j'ai apprise tout récemment. Pour bander, il faut une certaine envie de prendre. Les mollasses ne l'ont pas ça. Ce n'est pas avec des mains molles qu'on prend une situation en main, ou même, des hanches. J'étais trop sauvage, je me suis calmé. J'ai essayé un peu de tuer la vie en moi. De voir la femme comme une fleur, et non une pièce de viande à enfiler. Mais c'est plus fort que moi : je domine sans même m'en rendre compte. Je domine, mais avec une conscience, et j'ai souvent mauvaise conscience. C'est ça qui a changé avec le temps et la maturité : je suis devenu plus tendre. Je me souviens de certaines étapes de ma vie où je suis devenu plus tendre et aimant d'un coup, parce que j'avais observé et j'avais compris quelque chose : les yeux me parlaient. J'avais compris la douleur des autres. J'avais compris le mal que je faisais. J'avais ressenti la souffrance que je causais aux autres comme si c'était la mienne. Je voyais surtout le courage qu'il y avait à rester là à souffrir sans rien dire, sans se plaindre. Oui, j'étais un crisse de sale. Je l'ai compris d'un coup et ça m'a tué. J'ai encore des progrès à faire sur le plan humain, je ne suis pas parfait.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire