À la sortie du gym, de fortes bourrasques me soufflaient dessus. Mon entraînement avait été assez intense, beaucoup de cardio, puisque j'ai gagné sans m'en apercevoir quelques livres. J'étais découragé et à la fois en crisse après moi-même. Quand je suis sorti, j'avais deux livres et demie de moins, je me sentais mieux. Et puis, au contact du froid, l'envie me prit d'y faire face et de prendre une longue marche sur Mont-Royal, d'aller dans les librairies usagées pour essayer de trouver Le château de Kafka, Les carnets du sous-sol de Dostoïevski, Le travailleur de Jünger, Le souffle de Bernhard et le Dictionnaire érotique de Pierre Guiraud. Je n'ai rien trouvé de tout cela. Le dictionnaire érotique que j'avais vu hier et dont la reliure laissait à désirer avait été vendu. Je l'aurais peut-être réparé avec de la colle à ph neutre, mais encore là, j'aurais été hésitant à l'acheter. J'irai le prendre à la biblio. Ensuite, je suis revenu chez moi tout en lisant dans le bus Les deux problèmes fondamentaux de l'éthique de Schopenhauer, un de mes philosophes préférés. Je me sentais bien, et je crois que c'est dû en partie au froid. Ce froid que j'ai toujours tellement détesté, je l'aime depuis ma dépression d'il y a cinq ans. J'ai appris à le comprendre, à apprécier ses «caresses brutales», à devenir «chaud» dans les froids extrêmes. Le froid était ma chaleur à moi, mon foyer dans la communion du givre.
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