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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 17 juillet 2011

«Face au danger»: la faillite de la communication..

Je ne sais pas si vous connaissez cette émission du Canal D, moi qui suis un ancien fan de ce poste, qu'il m'arrive tout de même parfois d'écouter encore quand je suis trop ennuyé pour lire, j'écoute les vendredis policiers, car étant un esprit curieux, j'aime les enquêtes..

Mais cette émission, «Face au danger», reflète vraiment, selon moi, une certaine mentalité de «survie».. On a ici tous les éléments pour s'énerver à souhait: des virus, des attaques, des catastrophes, des instructions pour survivre, sur un arrière-plan de fin du monde.. Subitement, on a envie de se caler en soins d'urgence pour les traumas, en tactiques de combats qui visent une mort rapide, en esprit de survie dans les forêts ou en zone urbaine «sauvage».. bref, en tout ce qui pourrait permettre de sauver sa peau et celle des siens..

Ça fait beaucoup penser à Rambo tout ça, et je suis certain que l'engouement pour ce genre de personnage, pas plus réel que Luke Skywalker ou James Bond, y est pour quelque chose..

Par cette orientation vers l'«action», les armes, les tactiques de survie, nous sommes très loin de la subtilité, de l'esprit et de la philosophie, et nous sommes très loin en général de toute forme d'apaisement, d'intelligence et de résolution réelle des conflits.. Nous sommes plutôt, sur ce mode, en «marche pour la guerre», sur un pied d'alerte constant, nous nous barbouillons d'avance la face de maquillage «camouflage» en prévision de la tempête..Mais de cette façon, nous ne nous rendons pas compte que nous effrayons les autres et que nous les faisons se crisper à notre endroit..

Cette crispation, causée par la tenue, confirme ce que l'autre pensait (peu importe quoi, un produit de sa paranoïa) et entraîne une escalade genre «guerre froide» qui risque de virer «chaude» en un instant..

Tout cela m'amène à parler des jeunes d'aujourd'hui et de leur tenue: le style «gang de rue» ou «yo»..

Je suis convaincu que le seul accoutrement des jeunes est pour une bonne part la cause de la violence entre eux, ou de la violence des jeunes en général, par leurs habits qui les font s'identifier à un mauvais modèle de vie.. Ce qui me surprend toujours, c'est que ces jeunes adoptent, dès le départ, la mentalité du «futur prisonnier» avant même d'avoir commis un crime ou de savoir vraiment ce que c'est que d'aller en prison.. Je crois que c'est une suite du «No Future» de mon époque avec, entre autres, le film Class of 1984 et le morceau d'Alice Cooper «I Am the Future».. Je me comportais moi-même involontairement un peu de cette façon, comme si nous étions une génération perdue d'avance et «sacrifiée».. La chose que nous ne savions pas, c'est que la mentalité et l'attitude «no future» entraînent à coup sûr un réel déficit d'avenir par le simple fait que nous y «croyions»..

Par exemple, j'ai croisé hier un jeune adulte à l'arrêt de bus qui me dévisageait de temps à autre (en tout cas, c'était mon impression), il avait l'air d'un jeune de gang de rue par son accoutrement avec le bandeau, l'allure, la face bête et insinuante genre «t'as touché à ma sœur».. On aurait dit qu'il voulait me casser la gueule pour rien et j'étais sur mes gardes..

Lorsqu'une autre personne l'a abordé pour lui poser je ne sais quelle question, j'ai constaté que ce n'était qu'un ado assez simple sans intention méchante.. Bref, aux yeux des autres, et on peut facilement s'imaginer que cela inclus la police, il était victime de son «image», de son look de membre de gang de rue, de pimp, de vendeur de drogue, d'extorqueur, de manipulateur.. même si probablement, il n'était rien de tout cela..

C'est là que j'ai compris que les jeunes se fourvoyaient entre eux, et qu'ils fourvoyaient de même les adultes et l'autorité.. Mais pourquoi les jeunes sentent-ils le besoin de s'identifier à un modèle de «gangster» ou de «futur prisonnier»? C'est ce que je me demande, car je ne fais pas exception: moi aussi je voulais avoir l'air tough dans mon temps..

Il est facile à tout un chacun de constater que l'interaction et l'échange sont des rapports difficiles à établir avec quelqu'un que vous soupçonnez d'avoir une mauvaise attitude ou de mauvaises intentions.. De cette façon, les jeunes bloquent l’«interaction» ou veulent produire une crainte chez un adversaire supposé ou imaginé.. Mais le monde en général est-il adverse à ce point? ou est-ce les jeunes qui sont plus vulnérables? Selon moi, nous ne sommes pas en «face du danger», mais en face d'un réel problème de communication, voire, d'une «faillite de la communication», ce qui est à tout le moins paradoxal avec tous les moyens de communication dont nous disposons aujourd'hui..

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