Pages

«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 6 juillet 2011

20. Sur la règle caméléon: «Si c'est pas moi, ce sera un autre..»

On entend souvent ce genre de moralité à cinq cennes, et ce n'est pas non plus parce qu'on l'entend souvent que c'est justifié ou justifiable..

Voyons donc! Les conducteurs de trains qui menaient les Juifs à Auschwitz et les «gazeurs» disaient la même chose: «Si je ne le fais pas, un autre va le faire..» Si la moralité ambiante est basse au point de faire n'importe quoi parce qu'un autre le ferait de toute façon, suis-je justifié pour autant de faire ce que je fais? - Non, pas du tout..

Autre exemple: on sait que dans le temps, on pouvait laisser sa bicyclette traîner toute la journée accotée sur une clôture et revenir la prendre plus tard.. Or, nous savons très bien que c'est rarement le cas aujourd'hui: si nous faisons le test, quelques minutes plus tard, elle ne sera plus là.. Alors, puisque tout le monde sait que la bicyclette sera prise de toute façon en très peu de temps, et que je passe par là, suis-je justifié de la prendre? Après tout, pourquoi pas moi au lieu d'un autre? Non?

Mais non, je ne serai jamais justifié de la prendre, même si je vivais dans un monde uniquement composé de voleurs.. Je ne serai qu'un voleur qui aura agi comme tous les autres voleurs..

L'erreur de raisonnement, la voici:

1. «Si je ne le fais pas, un autre va le faire»..

2. Cet «autre», c'est n'importe qui: la personne qui obéit à certains principes moraux et la personne qui n'en a aucun et ne respecte rien sont mises sur le même niveau..

3. Or, il est peu probable que la personne morale veuille se faire mettre sur le même niveau que la personne amorale.. Il y a foncièrement une grande différence entre ces deux personnes..

4. Il est aussi peu probable que la personne morale accepte d'obéir à une règle comme: «Si je ne le fais pas, un autre va le faire».. Par contre, la personne amorale ne trouvera aucune objection à obéir à cette règle, qui ne fait que dire, au fond: «Fais-le, peu importe si c'est bien ou mal, parce que d'autres vont le faire»..

5. Par conséquent, la personne qui obéit à la règle: «Si je ne le fais pas, un autre va le faire», se met tout simplement au niveau de la personne moralement la plus basse, voire, qui n'obéit à aucun principe moral.. Obéir à cette règle, c'est donc de façon pratique faire fi de la morale, de la réflexion et du jugement en noyant tout cela dans le «nombre» qui ne se réduit en réalité qu'aux personnes amorales..

6. Bref, ce n'est pas parce que le dernier des crétins va faire l'erreur que je suis «justifié» de faire cette même erreur.. Une erreur reste une erreur, et une injustice reste une injustice, peu importe le nombre de personnes qui sont prêtes à les faire..

Voyez-vous, c'est ce minimum de discernement qui manque dans ces faux principes qu'on nous sert à tour de bras à la télé, dans le journal, dans les discussions ou sur la rue.. Ce sont des règles qui semblent «inoffensives», mais qui possèdent en réalité un potentiel fasciste, antisocial et suicidaire incroyable si tout le monde se mettait en même temps à penser et à agir de cette façon..

Les personnes qui obéissent à ce genre de règles sont tout simplement des caméléons qui prennent la couleur de l'entourage dans lequel ils sont.. ou dans lequel ils veulent faire croire, ou se faire croire, qu'ils sont.. afin de dissimuler leur peu de conscience..

Aucun commentaire:

Publier un commentaire