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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 10 juillet 2011

19. L'oppression des femmes se poursuit dans notre indifférence à leur sort..

Je viens de voir le documentaire sur Robert Pickton, ce tueur en série de Vancouver «poli, effacé, silencieux et désorganisé» qui aurait tué des dizaines de travailleuses du sexe..

Je suis toujours troublé par le même constat que je dois me faire à chaque fois que je vois ce genre de reportage: pourquoi ces femmes qui désirent disposer librement de leur sexualité et de leur corps sont-elles autant laissées à elles-mêmes? et pourquoi ne permettons-nous pas aux maisons closes de revenir afin de mieux les protéger? Au Texas, il y a des maisons closes et les femmes se portent très bien..

Ces travailleuses du sexe ont tout le monde contre elles: l'opinion publique, les féministes, la police, les proxénètes, les malades qui veulent les agresser ou les tuer..

L'ouverture de maisons closes contrôlées éviterait les agressions, les vols, les viols et les meurtres de ces victimes faciles qui sont à la merci, sur la rue, de n'importe quel détraqué qui les embarque, en plus d'éviter le désordre public, les emprisonnements inutiles et les problèmes sociaux engendrés par le système même..

En ce moment, dans notre hypocrisie, car il faut se faire à l'idée, jamais aucune société ne pourra éliminer la prostitution, nous avons les solutions de rechange suivantes: les escortes et les «salons de massage» qui se multiplient à travers la ville et sont en réalité des genres de maisons closes, mais qui ne protègent pas les femmes qui y travaillent d'accusations criminelles en relation avec leur métier.. Elles sont donc en tout temps exposées à se faire accuser par la brigade des mœurs et à aller en prison, se retrouvant donc toujours dans des conditions précaires en s'enfonçant toujours plus dans la criminalité (au fil des accusations qui s'accumulent), la marginalité et l'obscurité..

Lorsque je constate, au fond, ce que la société fait à ces femmes par son indifférence envers leur sort, je me dis qu'elle leur fait en réalité la même chose qu'on fait aux femmes dans des pays moins «ouverts», c'est-à-dire qu'on les opprime, on les brise, on les bat, on les viole et on les enferme, pour avoir tenté de disposer librement de leur corps hors d'une relation de «lien conjugal» (chose permise complètement seulement aux hommes).. Une femme adultère en Iran se fait lapider et peut-être violer ou tuer.. Si elle est chanceuse, elle se retrouvera mendiante.. Une femme qui désire disposer librement de son corps pour l'utiliser commercialement, dans notre société, on lui dit hypocritement: «D'accord, tu es libre, fait ce que tu veux avec ton corps, mais arrange-toi toute seule..» et elle se retrouve en prison, se fait attaquer, maltraiter en plus d'être dégradée par le regard que les gens portent sur elle, exposée en pleine rue, et qui ne la reconnaissent pas, puisque l'État ne la reconnaît pas.. En réalité et pratiquement, elle n'a aucune existence.. Elle doit toujours se cacher comme une misérable criminelle.. ce qui fait aussi qu'elle ne peut avoir recours à la police dans certaines situations où elle aurait besoin d'aide..

Ce n'est pas une oppression physique et franche, comme dans les pays «fermés», mais une oppression «ouverte», hypocrite, indirecte, qui permet en quelque sorte à ces femmes de faire ce qu'elles veulent avec leur corps, leurs désirs et leur sexualité, mais ce qu'on pense d'elles à ce moment-là, en tant que société, c'est: «arrangez-vous toutes seules alors..», et personne ne s'apitoie sur leur sort, jamais.. on préfère les accuser de tous les maux, que c'est leur faute au fond s'il leur est arrivé ce qui est arrivé, peu importe quoi.. Dans ces cas-là, elles sont toujours victimes d'«elles-mêmes», mais jamais de la «société».. Cette société où on s'amuse à niveler et à écraser les éternelles «marges»..

On les «abandonne» en quelque sorte et on les expose à tous les dangers.. C'est ça notre «ouverture».. C'est ça notre oppression des femmes à notre façon, la punition qu'on leur inflige pour leur sexualité extra-conjugale, et cela, les autres femmes devraient le reconnaître une fois pour toutes et être solidaires de ces victimes expiatoires d'une société patriarcale où les hommes dominent encore tout et qui est profondément ancrée dans nos mentalités..

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