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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 20 septembre 2015

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Fatigue extrême. Je ne peux plus supporter cette chaleur et cette humidité qui s'étire comme ça en septembre. J'ai hâte que l'automne arrive, j'ai hâte que l'hiver arrive et qu'on gèle un peu. J'ai hâte d'écouter du métal en hiver. J'ai hâte de marcher dans la neige, pendant les tempêtes de neige, en écoutant du métal. J'ai hâte de m'asseoir la nuit dans mon fauteuil avec un bon café et un bon livre et mon chat, tout en écoutant du métal. Je pense souvent à la mort depuis quelques jours. Je lis «La Mort» de Jankélévitch. Ça me fait penser à mon père quand il est mort. Je m'étais promis de lire «La Mort» après la mort de mon père et j'étais parti une nuit de tempête de neige avec le livre à la main sur le Mont-Royal, une longue marche, d'où je partais, je n'ai pas réussi à lire une ligne, car il faisait trop noir sous les lampadaires, mais il était important que j'aie ce livre avec moi, car il me faisait penser à mon père décédé, à la mort, et à moi-même qui me sentais mourir. Une fois sur la montagne, j'ai essayé de faire un vœu, mais c'était tellement trop prémédité que je n'ai pas réussi, tout ce que j'avais à formuler c'était une pensée vide, décevante. Je suis redescendu rapidement. J'ai racheté ce livre dernièrement même si je l'avais déjà, mais plus neuf. Je me suis dit que je le traînerais partout, dans mon sac d'école, dans le métro, que le lirais comme ma bible. Finalement, j'ai tellement de choses à faire et tellement d'autres livres à lire pour mes cours que je n'aurai pas le temps de le continuer tout de suite. Finalement, je ne sais pas si j'aurai un jour le temps de lire ce livre avant de crever. C'est frustrant. Je ne suis pas capable de me débarrasser de mon père à cause de ça. Je vais me retrouver finalement au Ciel, mort, aussi impréparé que lui à crever. Jankélévitch a raison : on meurt toujours tout croche. On n'est jamais prêt à mourir. On ne peut jamais l'être. Il y a toutes sortes d'excuses pour mourir tout croche, la grimace à la bouche, surpris par la Faucheuse, en train de faire n'importe de quoi de pas important. En train de faire des banalités comme on en chie tous les jours.

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