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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 29 juin 2015

La corruption au Québec

[Première publication le 28 janvier 2014]

Hier soir j'ai vu des bribes de la Commission Charbonneau, c'était au tour d'Arsenault qui a eu droit à un interrogatoire qui lui ressemble, disons. Je n'ai pas réussi à trouver la vidéo complète, car ça n'a pas encore été mis en ligne sur le site de la commission, et sur les sites de nouvelles, la vidéo ne marche pas, je ne sais pas pourquoi, mais lors des extraits à la télévision, j'ai entendu Arsenault parler en «codes» dans ses conversations téléphoniques alors qu'il était enregistré par la police... C'est là que j'ai comme «pété une coche»...

On aurait pu croire qu'il aurait été différent des autres, mais non, comme Lavallée, ils parlent en «codes» au téléphone, un peu comme des mafiosos, du temps où ils ne faisaient pas toujours attention en bavassant comme des caves sur leur ligne privée et se ramassaient tous en dedans, preuves à l'appui.

Est-ce qu'on se rend bien compte collectivement à quel genre de monde on a affaire ici? Il semble qu'ils soient disséminés partout dans les structures de pouvoir au Québec, comme un cancer. Et ils sont bien établis, bien organisés, en fait, c'est un système complet de corruption, bien huilé.

Apparemment qu'Arsenault a essayé d'empêcher la diffusion des écoutes électroniques, on sait pourquoi maintenant: quand tu parles en «codes» au téléphone, comme font les prisonniers entre eux, c'est bien évident pour tout le monde que t'as quelque chose à cacher. La vérité sort, pour ceux qui sont devant le téléviseur, même si elle est «codée».

Ces gens n'ont pas honte de ce qu'ils font, ils n'ont pas honte non plus de parler en «codes». Ils sont arrogants en plus, et ils ne se laisseront pas faire, comme entre autres, les maires qui fument du crack. Ils sont bâtis sur le modèle des Vincent Lacroix: ils vont se battre jusqu'au bout, ils vont passer un moment très difficile à se faire taper dessus, mais quand ce sera fini, ils vont en sortir les poches encore bien pleines.

Eh bien, j'ai une mauvaise nouvelle, je crois: ces gens sont là pour rester. Oui, «ceux qui sont incapables d'avoir honte» sont là pour rester.

Je ne peux pas vous dire exactement pourquoi, mais je suis profondément convaincu que les choses ne changeront pas d'un iota.

Mais je peux vous dire que nous ne sommes pas moins pire, finalement, que les pays d’Amérique du Sud, ou tous les pays ou nous avons toujours un peu peur de mettre les pieds, car nous savons que nous ne pouvons même pas y avoir confiance en la police.

Et je peux vous dire aussi, «en gros», que nous sommes prédisposés à avoir ce genre de monde-là partout dans les structures de pouvoir à cause de la façon dont le monde fonctionne.

Quand on pense que les banques centrales peuvent jouer sur l'inflation et la déflation, et même plus, qu'ils ont le devoir de le faire au nom de l'économie nationale, parce que tous les pays sont en concurrence, cela veut dire que toute notre vie est régulée dans haut et que nous sommes comme dans une grosse machine dont il est impossible de sortir, à moins de vouloir retourner presque à l'âge de pierre. Notre vie est «truquée», de la naissance à la mort. On ne se rend pas compte que si on donne de l'argent «gratis» au monde, ce que tout un chacun aimerait avoir, il faut quand même en bout de ligne que quelqu'un aille ramasser la bouffe dans les champs, et lui on lui donne quoi?

Sous l'impératif de la productivité, les valeurs tombent: nous n'avons plus le temps de faire les choses comme il faut, alors on les fait pour l'argent et pour notre profit personnel seulement. Et là je parle de choix de société: nous pensons faire des «choix», mais ceux-ci s'imposent à nous dans une logique implacable qui nous amène toujours sur une certaine voie qui nous imposera à nouveau ces choix. Par exemple, quand on choisit de couper dans l'éducation ou dans la recherche fondamentale parce qu'on y trouve des avantages à court terme, et je dirais, à courte vue, eh bien on ne prend pas en compte les énormes conséquences que cela aura à long terme pour la société et le pays, et derrière tout cela, l'allure du monde en général. Ces choix qui semblent s'imposer nous amèneront plus tard, dans la catastrophe, à faire d'autres choix qui seront, au final, aussi catastrophiques.

Nous ne nous rendons pas compte que nous sommes pris dans un engrenage de merde, parce que nous ne voyons pas plus loin que le bout de notre nez. Or, pour pouvoir voir «plus loin que le bout de notre nez», ça prend du temps, de l'éducation, de la culture, autrement dit, ça prend de l'argent, chose qui lorsqu'on court après, nous enlève précisément ce qu'il serait censé nous donner. On voit finalement, de façon illusoire, le petit temps «que nous pourrons enfin avoir à nous» à la retraite, mais rendu là, si c'est encore possible, il n'est plus temps de rien faire.

Les «intermédiaires» dans le capitalisme, cachent le fait qu'il s'agit encore de travail pur, comme depuis toujours. Nous n'avons pas progressé d'un pas sur ce sujet. Il y a deux logiques qui s’enchevêtrent dans ce système, au point qu'on n'arrive plus à les distinguer: il y a la «logique du profit» et la «logique de la technologie». La logique de la technologie pourrait nous conduire à faire de meilleurs choix, mais la logique du profit nous conduit à en faire des pires. Pire encore, les mauvais choix que nous fait faire la logique du profit font en sorte que les bons choix que nous pourrions faire avec la technologie deviennent des mauvais choix.

Bref, il y a encore beaucoup de choses à dire, et ce sera pour un autre article.

Après tout, je fais quand même du travail «gratis» ici...

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