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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 1 novembre 2011

7. Qu'est-ce que l'art?

Cet article ne sera finalement pas aussi long ni aussi complet que je croyais, puisque j'ai perdu de vue l'intuition fulgurante que j'en avais eu l'autre soir lors de mon délire éthylique..

On a déjà entendu l'expression que «l'art est mort», or pourquoi en serait-il ainsi? Ne voyons-nous pas au contraire que l'art est plus que jamais actif autour de nous? Le fait qu'une forme d'art soit morte, l'art classique ou autre, l'art représentatif, l'art figuratif, et que la distinction entre sensible et intelligible soit troublée, n'entraîne pas la fin de toute création artistique.. Je trouve cela exagéré..

Le propre de l'art repose sur la sensibilité profonde tout autant que sur la maitrise technique froide et rationnelle..

C'est une prouesse de l'intelligence humaine dont la surconscience est le noyau.. C'est aussi une prouesse de perception, de sensibilité, de sursensibilité..

Comme paradigme de ma réflexion sur l'art j'avais le film «Le Roi des Aulnes» de Michel Tournier en arrière-plan..



L'image qui me fascinait tant
et dont notre professeur
analysait la symbolique..
Pourquoi ce film? -Parce que j'ai eu une relation particulière avec tout d'abord le livre qu'on m'avait imposé comme lecture, je crois, au cégep.. Il y avait un choix de lecture, mais j'avais choisi celui-là parmi d'autres puisque l'image de la page couverture me fascinait et que le contenu me semblait assez étrange, assez «nordique», sombre, presque mythique, avec par exemple des noms comme «l'Ogre de Kaltenborg»..

C'était assez pour exercer sur moi un fort attrait, mais je fus vite déçu par la lecture que je trouvais inintéressante.. Je n'arrivais pas à comprendre l'histoire, le personnage, je trouvais l'histoire difficile à suivre, confuse.. aussi n'ai-je pas lu le livre.. Mais lorsque le film est sorti quelques années plus tard, je l'ai visionné et j'ai compris la profondeur du livre et pourquoi il m'aurait été difficile d'en saisir toutes les nuances alors que je n'étais qu'un jeune homme sans expérience de la vie.. Ce livre était trop grand pour moi, à l'époque du moins..

Je ne ferai pas ici une analyse détaillée du livre, mais ne parlerai qu'à partir de mes impressions après avoir vu le film il y a déjà longtemps.. Abel, qui est ici le personnage principal, agit sur l'arrière-plan de la deuxième guerre mondiale, plus précisément dans le camp nazi.. Si je me rappelle bien, c'est un lâche, qui a été capturé par les Allemands, et qui, ensuite, est devenu comme par complaisance, un fidèle allié, un fidèle nazi qui aura pour mission d'aller récupérer ou plutôt «enlever» les enfants dans les villages afin de faire leur éducation en tant que jeunesse hitlérienne..

Le noyau du film, l'idée centrale, c'est qu'Abel, sous le couvert d'une apparente lâcheté, tient en fait, plus que tout, aux enfants et à leur bien-être, et ce, par delà la politique stupide des hommes, les idéologies, les idées ou la folie du monde.. Il se joue de tout cela, puisque rien ne compte autant que le bien des enfants dont il a la garde.. Il se joue des hommes, de la politique, qui ne sont au fond que du superficiel sans importance.. Alors, qu'il soit nazi ou combattant français ou allié ou garagiste, cela n'a aucune importance: ce qu'il fait, c'est sauver les enfants, et il peut pour cela endosser n'importe quelle manteau.. Et c'est là que réside toute la beauté de la chose: c'est qu'au fond, Abel, nous dit que nous sommes fous, que toutes les entreprises des hommes ne valent rien par rapport à l'essentiel: protéger les enfants et leur innocence.. la beauté innée de ces êtres encore intactes de l'homme.. Cela vaut tous les sacrifices, et pour commencer, celui de sacrifier aux apparences afin de parvenir à ses fins..

Ce n'est qu'à la fin du film que j'ai compris que le rôle de nazi qu'Abel endosse n'est d'aucune importance: il n'y croit pas.. c'est un rôle comme un autre, dans la folie des hommes.. Et à ce moment, c'est toute la sensibilité d'Abel, si profonde mais en même temps presque sans voix, sans parole devant l'évidence, qui m'est apparue: le monde des hommes et leurs politiques ne comptent pas, ne sont que folie, superficialité, apparence, seul compte l'amour et la vérité qui doit agir secrètement, sous peine de disparaître: le bien de ces êtres innocents, innocemment heureux, sans défense devant le mal et la douleur, qui n'y comprennent rien aux monde des hommes, qui sont fous, qui ont oublié l'enfant en eux et la pureté du bien.. qui se sont oubliés eux-mêmes..

Voilà ce que j'avais à dire sur l'art pour aujourd'hui, mais j'y reviendrai et ajouterai éventuellement d'autres idées, d'autres observations..

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