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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 21 janvier 2014

Réflexions matinales..

L'écriture devient vite figée, dans sa forme comme dans son propos.

Si parfois je m'empêche d'écrire, c'est parce que je me demande comment ça va «fitter» sur ce blog avec le reste du contenu. Et comme ça ne fitte pas, je n'écris pas. Pourtant, je m'empêche de dire des choses. Je me muselle moi-même au nom de l'autre qui me lit et qui risque d'être perdu ou de ne pas aimer ce qu'il lit.

Cela veut dire que l'on est très conscient en écrivant de l’auditoire auquel on s'adresse (ou croit s'adresser) et l'on cherche à maintenir une cohérence entre ses propos et dans son style, comme si on avait une clientèle à conserver.

C'est un défaut dans lequel je tombe constamment, et je dois souvent lutter contre moi-même pour passer par-dessus. Quand je m'empêche d'écrire, je me dis intérieurement: «va falloir que j'efface ce que je vais écrire, parce que ce sera pas bon, j'aurai alors perdu mon temps», «pourquoi écrire, de toute façon personne ne me lit», etc. C'est ainsi que je m'empêche d'écrire.

Dans l'écriture, on cache son être. C'est pourquoi l'on compartimente. Par exemple: lorsque j'ai des choses à dire qui n'entrent vraiment pas dans la ligne éditoriale de ce blog, j'ouvre un autre blog pour y mettre ce contenu. Ainsi, en compartimentant, les lecteurs ne voient pas toutes les facettes de mon être. Mélanger ses activités au gym et ses textes intellectuels, c'est plus ou moins discréditer ses textes intellectuels. En tout cas, si on voyait ça de la part d'un intellectuel réputé, ce serait drôle, à tout le moins, ses efforts ridicules pour se faire admettre dans «deux mondes».

Le physique et l'intellectuel sont vraiment deux mondes à part. Je ne dis pas qu'il doit en être ainsi, mais c'est ainsi que les gens le perçoivent. La séparation entre le corps et l'esprit a toujours cours, et c'est en l'ignorant qu'on se rend ridicule. Personnellement, j'ai toujours eu de la difficulté à séparer les deux, je me rends donc souvent ridicule, mais en contrepartie, je suis peut-être moins aliéné.

Ne pense-t-on pas que le rire est toujours bon puisqu'il nous fait immédiatement plaisir? Il vient comme se justifier de lui-même en quelque sorte. Je ne suis pas contre le rire, loin de là. Mais ce n'est pas parce qu'une personne rit et que ça lui fait du bien qu'elle a raison de trouver ça drôle. Souvent les gens rient parce que ce sont tout simplement des imbéciles conformistes. Et puisque l'hédonisme est la saveur du jour et que le rire donne beaucoup de plaisir, les imbéciles conformistes ont les coudées franches. Et il y en a beaucoup. Et plus on rit, plus il y a de la joie, et plus on se sent autorisés à rire. Le nombre vient comme approuver notre imbécilité collective et nous donne bonne conscience. En groupe nous n'avons pas peur de nous afficher, mais un lion rôde dans les parages, et cela ne l'empêchera pas de prendre quand même sa victime, tout en faisant fuir le reste du troupeau, impuissant et apeuré.

Tout cela juste pour dire que le plaisir ne donne pas raison, ni ne justifie aucune action.

L'équation plaisir = bon», vient donc affecter le «bon». Le «bon» non plus ne vient donc justifier aucune action, dans ce cas-là, pas plus que le «beau».

À tout plaisir il y a une contrepartie malsaine, comme si c'était un cadeau empoisonné. Il n'y a qu'à le constater dans les relations amoureuses, la nourriture (gastronomie, «bien» manger) ou tout ce qui cause une «addiction», les drogues, l'alcool, les gâteries en tout genre, tout ce qui est «bon», les activités palpitantes, etc. Suivent le plaisir: l'ennui, le down, la souffrance, l'obésité, l'impuissance, la dépression, etc.

Ce que j'essaie d'étudier, c'est le tempérament «moyen», juste, tempéré. Celui qui n'abuse ni du plaisant ni du déplaisant. Je sais que ce type de personne existe, mais c'est un spécimen tellement curieux pour moi, puisque je ne suis pas du tout comme ça. Je suis plutôt du genre à abuser de tout ce qui me fait plaisir, jusqu'à la déchéance totale. Ce type-là, c'est le type doux, le type «zen», ou le type tiède parfois, que tout le monde déteste. Lui et moi vivons sur deux planètes différentes et antipathiques. Mais je ne suis pas sûr que ce type, comme je l'entends, existe vraiment, ou s'il ne change pas, ou ne connaît pas une certaine évolution. Peut-être vais-je être tenté de construire des types comme Nietzsche et de faire rentrer les gens dans de petites cases bien identifiables et rassurantes. Mais non. Je vais me contenter d'observer. De chercher ce type «raisonnable», et peut-être «stable», si possible. Cela voudra dire que j'aurai alors affaire à une sorte de «sage».

Et l'on rira bien..

8 commentaires:

  1. On ne s'affranchit totalement jamais dans un blogue comme on ne le fait jamais totalement avec l'autre.

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  2. Oui, mais j'essaie moi de le faire le plus possible en réfléchissant sur ce que l'on fait quand on écrit dans un blog, ou quand on écrit tout simplement.

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    1. Je n'essaie pas moins. Je constate que c'est difficile de le faire.

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    2. On est donc solidaires dans notre quête.. :D

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    3. Oui Pitou. Ensemble contre l'adversité.

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  3. Avec un auditoire de deux personnes et quart, j'arrêterais de me poser mille et une questions

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  4. Oui mais l'audimat compte pour cent... :D

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