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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 11 septembre 2016

Mon retour de voyage en pays de Facebook

Je me suis laissé égarer pendant quelque temps en pays de Facebook, mais voilà, maintenant, je suis de retour.

Pourquoi j'ai quitté? -Parce que je trouve ça ennuyant à mort, et que je n'ai pas la patience d'attendre les likes ou les commentaires quelconques de gens qui sont occupés comme moi à se vendre eux-mêmes pour avoir un peu d'attention, du fond de leur solitude évidente.

Aussi, je n'aime pas vraiment l'idée de m'étaler sur Internet, avec mes photos, ma vie, mes goûts, ce que je suis en train de faire. Je trouve que c'est de l'aliénation mentale pure et simple. Je trouve que l'exposition constante à tous ces contenus médiatiques est violente et s'apparente à une forme d'agression ou de viol de la conscience.

La jeune génération, entre autres, cherche peut-être son identité à travers ces médias sociaux, mais tout ce qu'elle pourra trouver au bout du compte, c'est du vide.

Il est difficile d'exprimer ce qui se déroule là sous nos yeux en ce moment, parce que c'est très complexe, que ce n'est pas toujours tout noir ou tout blanc, et que nous manquons évidemment de recul, comme devant tous les phénomènes nouveaux. Mais disons sommairement que le fait d'être constamment extérieur à soi, dans un contenu médiatique étranger ou dans une image de soi construite par soi pour les autres, comme une surface, est la raison de l'«aliénation».

Mais il y a quelque chose de nouveau dans cette forme d'aliénation, et voyons premièrement la définition de ce terme: «l'aliénation est un trouble mental instable dans lequel un individu se retrouve psychiquement et psychologiquement séparé du monde extérieur». Dans le cas qui nous occupe, nous ne pouvons alors dire qu'il y a aliénation au sens traditionnel du terme chez les individus, puisqu'ils n'ont jamais été autant dans l'«extérieur». Cependant, si je suis constamment extérieur à moi-même, ce pourrait être une forme d'aliénation «inversée».

Cette «aliénation inversée» ou «aliénation du soi» expliquerait pourquoi pratiquement toute la jeune génération, exposée fortement à ces médias, serait TDAH: elle n'est plus capable de calme et de réflexion, et encore moins de recueillement, puisque pour faire cela, il faut rentrer en soi. Quand notre moi fait constamment du «outdooring», ce qui est la mode en ce moment pour les cours arrière de maison, notre maison devient l'extérieur. Le problème c'est qu'habituellement, seuls les animaux font ça.

Voilà pour mon expérience sociale.

Pour finir (mais c'est loin d'être fini), je propose un changement de nom pour la jeune génération, qui veut tout faire, tout avoir et tout être tout de suite: au lieu de l'appeler la «Génération Facebook», pour son inconstance et son insignifiance, je propose de l'appeler la «Génération Perruche», pour le fait qu'elle ne vit que dans un écran, un miroir.

Les médias sociaux sont un phénomène de métropole où «qui tu es» est plus important que «ce que tu fais». Ce sont nos nouveaux titres de noblesse qui reviennent. Or, quand on sort de la ville, ce paradis artificiel, on se fout de «qui tu es», on veut plutôt savoir «ce que tu fais», et si tu passes ton temps à alimenter des contenus médiatiques sur un écran pour essayer de devenir «quelqu'un», qu'est-ce que tu fais concrètement? -Ainsi tu n'es «rien». Tu es du vide. Prétendre être «quelqu'un» virtuellement est facile, le devenir dans la réalité est beaucoup plus difficile.

4 commentaires:

  1. Ben oui, moi aussi je suis prisonnier du Net.

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  2. Le téléphone est un outil de communication qui pouvait aussi aliéner la commère qui passait douze heures par jour à placoter avec ses amies... Ça sert aussi à réserver des billets, à commander de la pizza, à se plaindre auprès d'un fonctionnaire, etc. Cela dit, oui, les médias sociaux ont un potentiel aliénant. Ils remplacent peut-être Les Tannants de TVA et autres émissions que tout le monde déserte peu à peu. L'être humain a besoin d'une dose quotidienne de niaiseries pour ne pas sombrer dans une réalité navrante contre laquelle il se sent seul et impuissant...

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  3. Ben c'est ça que je me suis dis: si Facebook n'existait pas, il faudrait l'inventer. Ça devient comme un média incontournable, et au fond, c'est moi et mon discours qui sommes dépassés. Je suis un peu dans le champ avec mes idées sur FB et je généralise trop. C'est moi qui l'utilise mal. Ma critique commence à ressembler à ceux qui critiquaient la radio ou la télévision comme une invention du diable. Par contre, il est vrai que ça cause certains problèmes, qui s'ajoutent à ceux causés par les autres médias. Après tout, même les livres ne sont pas à l'abri de cette critique. Il faudrait cependant s'intéresser profondément à la différence entre le livre et les médias en général. Je ne crois pas que le livre cause de la distraction ou un déficit d'attention, car l'écran nous appelle toujours à le regarder, parce que c'est facile aussi, il y a du mouvement, un défilement permanent d'images, pas le livre, parce que c'est statique et que c'est plus difficile déjà de lire. Je suis toutefois presque certain de cette affirmation que j'avance: l'exposition constante aux images, aux écrans, atrophie l'imagination et la capacité de rentrer en soi, c'est-à-dire, entre autres, la réflexion. Nous devenons donc plus impulsifs, moins imaginatifs, et valorisons davantage les extrovertis de façon générale.

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  4. En tout cas, combien de temps va encore durer mon voyage sur FB? Ça va dépendre de comment je m'emmerde dessus.

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