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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 29 septembre 2016

L'homme nouveau, prêt pour devenir une machine

La motivation inconsciente de l'homme nouveau est de devenir une machine. L'interface homme-machine est déjà une réalité, après les infinies transformations chirurgicales qui visent à nous redéfinir physiquement, le redesign psychique au moyen de produits pharmaceutiques ou d'interventions sera la prochaine étape, si ce n'est déjà commencé.

Rappelons le contexte de l'homme «nouveau»:

1. Il ne croit pas en Dieu. En fait, il pense ne croire en rien, mais il croit à la matière, et à bien d'autres choses. C'est juste que ses croyances sont inapparentes, parce qu'elles semblent à tous, et surtout à lui-même, si évidentes.

2. Il ne croit pas à la «forme». La langue, les manières, les façons, les procédés, il s'en fout: l'important c'est d'arriver au but.

3. Il croit que la matière est séparable de la forme, et de plus, qu'elle doit en être séparée, puisqu'elle est inutile. Cette idée de matière sans forme est une réaction inconsciente à l'ancienne domination des prêtres: on se débarrasse des prêtres, on se débarrasse de la «forme».

4. Il croit à la science, presque à la manière d'une religion, mais elle ne peut apporter aucun sens à sa vie, surtout pas depuis la funeste théorie de Darwin.

5. Il croit à l'efficacité, mais il ne sait pas trop dans quel but. Finalement, il ne cherche qu'à se remplir les poches comme tout le monde et consommer des marchandises en pensant y trouver le bonheur.

6. L'empathie pour lui est un suicide: il est viscéralement incapable de se mettre à la place de l'autre, et il n'est pas capable de le faire parce que ça ne lui sert à rien, surtout pas à entrer au Paradis.

7. Il vit dans le moment présent et ne s'occupe que de ce qu'il peut saisir des deux mains. Il n'est pas angoissé par le futur ni la mort, puisqu'il n'est pas capable d'introspection (l'attention de base lui manque), et il a le sentiment que l'Internet le rend immortel.

8. N'étant pas capable de rentrer en lui-même, il est obligé d'aller vers les autres, il est donc grégaire.

9. Il est apolitique, puisqu'il ne comprend rien à la forme.

10. Il croit au corps, au sexe. L'amour est de peu de valeur pour lui, voire, c'est une attrape, ça le ralentit dans la poursuite de ses plaisirs. Les relations sont courtes et peu profondes, et cela passe pour normal de part et d'autre, puisque c'est réciproque. Pour lui, l'engagement équivaut à la mort.

11. Il se plaint parfois d'être «interchangeable», mais il ne croit pas à la vocation, et traite les autres comme si elle n'existait pas. Il croit que l'homme est infiniment malléable, comme une matière sans forme définitive. Tout cela est bien dans l'esprit démocratique, où tous doivent être en principe «égaux», autrement dit «interchangeables» et sans «forme».

12. Il croit que le cerveau est un ordinateur. En fait, depuis des décennies qu'on compare funestement le cerveau à un ordinateur, il a fini par y croire et cela est maintenant une évidence. Je ne sais pas si cela a commencé avec Descartes, mais je sais que la mort de Dieu et l'élévation de la Raison au niveau d'un dieu datent de Hegel. Depuis, nous vivons sous la domination de la Raison comme si elle pouvait tout et expliquait tout, comme si l'homme n'était animé que par des motivations rationnelles ou ne fonctionnait que rationnellement. C'est dans ce contexte qu'on en vient définitivement à croire que le cerveau est un ordinateur, et qu'on veut devenir toujours plus «machine», au moyen d'extensions du corps humain. Nous assistons aujourd'hui à une aliénation de l'homme par la raison (au lieu de la folie).

13. Nous croyons vivre dans la science, mais nous n'avons jamais autant nagé en pleine mythologie.

14. L'utopie et l'idéologie sont si fortes et consensuelles grâce aux télécommunications que nous croyons en être entièrement exemptes.

1 commentaire:

  1. Bonne analyse. L'art est le miroir de son époque. Nous sommes passés de l'homme à l'insecte. Puis de l'insecte au robot. L'être vivant en nous est totalement évacué.

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