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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 20 septembre 2016

L'histoire se termine

L'histoire se termine un jour... À l'adolescence, toutes les possibilités s'offrent à nous: le monde semble infini. Dans la vingtaine, on se croit éternel et invincible. Dans la trentaine, on se prend pour un dieu vivant. Dans la quarantaine, les douleurs physiques et morales, les revers et les remords ou les regrets commencent à apparaître: c'est le début du doute... du grincement de dents...

Quand la vérité nous tombe enfin sur la tête, soudain on se retrouve face à un mur: la réalité n'est pas ce qu'on pensait: tout n'était que mirage, illusion...

La sensation de se sentir soudain «fini» n'est pas plaisante. N'est pas non plus très enivrante l'impression que les possibilités sont épuisées... que plus rien ne changera vraiment désormais, que l'«aventure» est terminée.

La pensée de la mort, dans la quarantaine, devient de moins en moins une «pensée» et toujours plus un fait, une évidence, que dis-je? une certitude.

Dans la quarantaine, on peut enfin calculer le nombre d'années qu'il nous reste à vivre. Dix, quinze, vingt? on le sait dorénavant: c'est pas long.

Les chances de mourir dans la cinquantaine ou la soixantaine sont énormes, multipliées par X.

Et de toute façon, qu'est-ce que vivre dans la soixantaine? qui est prêt à être vieillard?

Oubliez les jeunes femmes. Oubliez la séduction. Oubliez la beauté. Oubliez l'acuité d'esprit.

Vous bougez de moins en moins, au propre et au figuré; vous commencez de ressembler à une statue, puis, à votre futur corps inanimé, immobile comme une roche: votre cadavre, qui vous va si bien.

On peut rire de tout cela et feindre de s'en foutre, but who really cares?

Nos fanfaronnades devant la mort ne changeront jamais rien au fait que chaque fois qu'un être meurt, que ce soit un être humain ou un animal, c'est une tragédie.

Le jour où on découvrira comment rendre la mort évitable, ces esprits stoïques ou moqueurs devant la mort nous paraîtront stupides et vains.

Il n'y a aucune philosophie à tirer de la mort, pourquoi continuons-nous de mourir?

Nos bravades ridicules n'ont aucune raison d'être devant ce qui n'est qu'un échec scientifique.

En regard du progrès actuel, la mort n'est plus une tragédie «naturelle», mais est dorénavant une tragédie scientifique...

Car il n'y a rien de «naturel» en l'homme. Le naturel n'est que le «ce qui va de soi», or, qui a dit que tout allait de soi? que tout ce qui est ou tout ce qui nous arrive était «normal»?

Le normal, le naturel, et le «ce qui va de soi» ne sont que les vacances de la pensée.

Dans les cellules des êtres vivants, il y a une horloge: qui a dit que c'était «naturel»?

Même dans les cellules souches, il y a une horloge, mais il y a certains êtres vivants qui n'ont pas d'horloge dans leurs cellules, et celles-ci se régénèrent constamment...

Il y a certains animaux dont on ignore l'âge...

Mais l'homme continue de mourir et cela devrait être «normal»?

Oui, dans notre cas, on peut bien dire avec les existentialistes que «la vie est absurde».

Inutilement absurde...

4 commentaires:

  1. La mort , comme le partage , est un des tabous de la plupart ( pas toutes ) des sociétés humaines -
    Le poète Blaise Cendras disait qu ' à la guerre il avait vu tous ses compagnons chier dans leur froc à l ' heure d ' aller au front se ramasser une balle dans la tronche -
    Tel autre commentateur de reportage animalier notait que les petites gazelles d ' Afrique ont un sursaut de survie quand le jaguar bondit sur elles et fuient de toute la force de leur peur de mourir -
    Réactions naturelles -
    Pour autant je récuse cette peur maladive -
    Le sorcier Yaqui de Carlos Castaneda disait que nous pouvons choisir l ' heure et le lieu de notre départ -
    Tel autre poète sur internet dit que nous revenons à ce dont nous sommes venus -
    Je mourrai sur une plage - jamais dans un hopital - pour voir de mes yeux écarquillés ce que je vais être : le sable , le ciel , la lumière , l ' air , l ' amour .....
    Et quand sera le départ , j ' aurai un peu d ' appréhension , comme tout le monde , comme lorsque le train en gare siffle le départ et le paysage commence à bouger .......
    ( Comme le disait Lavoisier , rien ne se crée - mais rien ne se perd ... )
    Toutes les choses n ' ont-elles pas une âme ?
    Amicalement - Ch. -

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Les requins du Groenland pourraient vivre jusqu'à 400 ans. Suffit de tripatouiller le génome humain et nous voilà partis pour être quadricentenaire! L'âge de la retraite pourrait être avancé à 365 ans. Et avec de la chance on pourrait vivre quelques milliers d'années de plus. Malheureusement, on finira par tuer la mort. Et on ne sera pas moins con pour autant.

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    1. Je sais qu'il y a certains être vivants qui n'ont pas d'âge parce qu'ils se régénèrent constamment, c'est je crois les anémones et les calmars, mais je pense qu'il y en a d'autres aussi. L'horloge dans les cellules, et donc la vieillesse et la mort, n'est donc pas pour toute la vie terrestre, mais semble spécifique à nous et à la plupart des animaux.

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