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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 21 juillet 2015

Karl Kraus et les derniers jours de l'humanité

J'ai aperçu ce livre dans la vitrine de la Bouquinerie du Plateau, et tout de suite, le titre m'a dit quelque chose: j'avais déjà entendu parler de ce livre, mais je ne savais pas où. J'ai feuilleté ce gros ouvrage de près de 800 pages, qui est une pièce de théâtre irréalisable, puisqu'elle devrait s'étaler, selon la présentation de l'auteur, sur une dizaine de jours, sans compter que certaines répliques peuvent parfois faire une page entière, donc impossible aussi à mémoriser pour un comédien.

Karl Kraus est indiscutablement un original. C'est pour moi un blogueur compulsif avant la lettre. Il a démarré son journal Die Fackel (Le Flambeau) en 1899. Il fit immédiatement sensation. Pendant des années, il exerça une influence sur les intellectuels, artistes et philosophes, dont Wittgenstein et Adorno, entre autres. C'était un pamphlétaire et un satiriste redoutable, qui se mérita d'ailleurs quelques agressions. Le journal était indépendant financièrement, il pouvait donc critiquer ce qu'il voulait.

Si je fais le lien entre son journal et le blog, c'est que la production était similaire: il écrivait tous les articles de son journal, et la production variait énormément. Ainsi, dans une année, il pouvait y avoir une vingtaine de parutions, dont le nombre de pages était irrégulier, et d'autres années, trois parutions, dont une de 500 pages ou une de 3 pages... Le journal a eu une existence de 37 ans, et les parutions sont toutes disponibles aujourd'hui, pour qui sait lire l'allemand, sur le site Die Fackel du corpus de l'Académie autrichienne. L'accès est complet et gratuit avec inscription.

Le contexte du livre Les derniers jours de l'humanité, c'est la guerre de 1914. Dans son oeuvre majeure, Kraus rend responsable les intellectuels et la presse du «bourrage de crâne belliciste», et voulant donner une image fidèle de l'époque, les scènes sont constituées d'un bon nombre de citations tirées de la propagande de la presse quotidienne. Ce que veut faire Kraus de cette façon, c'est transformer la justification de l'époque en auto-accusation irréfutable...

C'était chien et in your face, mais c'était légal.

7 commentaires:

  1. Comment ne pas penser à 1984 de Georges Orwell ?
    Pourquoi personne n ' a-t-il/elle (re)fait un film de ce merveilleux texte ?
    Serait-il trop subversif ??
    ( Comme quoi la subversion n ' a pas d ' âge ! )
    ( Socrate en savait quelque chose ! )

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  2. J'ai vu une émission (Docu-D) hier soir sur la Terre. Ça durait 2 heures sur Canal D. Ça parlait des découvertes de différents satellites qui analysent la Terre, dont un très intéressant qui s'appelle Terra. Cette surveillance constante à partir de l'espace permet de découvrir des choses qui nous expliquent comment fonctionne la Terre, et nous permet aussi de la voir maintenant comme un organisme vivant.

    Je crois que l'être humain gagnerait beaucoup à être surveillé de cette façon. En fait, par cette surveillance de tous les instants, il pourrait tout connaître de lui-même. La surveillance faite dans un but scientifique est miraculeuse, mais dans un but politique, ruineuse. Comment éviter l'une et épargner l'autre? Et surtout, comment convaincre les gens, depuis qu'ils ont été abusés politiquement, que la chose est bonne?

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  3. Je parle ici d'une bio-surveillance totale, temporaire (1 an) ou permanente (pour la vie) selon le choix des individus. On surveillerait tout: les pensées, les sentiments, les déplacements, les processus biochimiques, ce qu'on mange, ce qu'on dit, ce qu'on écoute, le nombre d'heures de veille et de sommeil, le poids, les rythmes cardiaques, les relations avec les autres individus, etc.: TOUT.

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    1. Merci pour le lien que tu m ' as transmis -
      J ' ai visionné l ' extrait qui m ' a donné envie de trouver ququepart sur internet l ' intégralité de cette trilogie - bien que ça n ' ait pas l ' air très joyeux -
      La part " guerrier " de chaque individu-e- est sans-doute indispensable , mais pas suffisante - du moins pour moi -
      Il me faut aussi la part de confiance dans la vie , dans l ' autre - le respect - la paix - l ' amitié - et m^me la compassion - ...
      Merci encore pour le côté guerrier - il le faut aussi !
      De Sète , petite ville du Sud de la France , les pieds dans l ' eau de la Méditerranée -

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  4. Intérêt mis-à-part , attention aux dérives-
    Bien que tu aies du mal avec le côté bariolé de mon blog , je te laisse quand m^me
    le lien à copier-coller de mon dernier post - et surtout pour l ' image
    qui va avec -
    http://mondeindien.centerblog.net/50-la-premiere-chance

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  5. Tu me donnes envie de connaître Karl Kraus. C'est sûr que je vais l'ajouter à ma liste de lectures prioritaires. Comme c'est le cas de Roman avec cocaïne de M. Aguéev, alias Mark Levi. https://fr.wikipedia.org/wiki/M._Agu%C3%A9ev

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  6. Comment as-tu entendu parler de Mark Levi?

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