«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 8 mai 2025

La nourriture de l'être

Je sais que ma pensée est malade. Je le sens. Je ne pense pas de la bonne façon. Je me sens même totalement malade.

J'ai toujours attendu qu'on me donne quelque chose, ou que quelque chose arrive tout seul. J'avais cette attitude générale dans la vie, inspirée peut-être du taoïsme, car j'avais compris qu'à trop vouloir, on n'obtient rien. La réalité, dans mon cas, avait été assez souvent rebelle et contrariante.

Cependant, certaines choses merveilleuses arrivent parfois en n'attendant rien de la réalité. Laisser venir les choses à soi, ou laisser aller les choses, est une autre façon de faire: une sorte de lâcher-prise, et une façon de dire que si ça n'arrivait pas, que ce n'était pas pour moi, tout simplement. 

J'ai fini par tomber dans une impasse. Tout mon contenu mental est maintenant branché sur du négatif, et par conséquent, je ne vois que du négatif partout. Comment cela ne peut-il pas finir par m'affecter directement mentalement et physiquement et m'enfoncer toujours plus? Ce n'est pas normal.

Je dois analyser mon contenu mental et essayer de voir s'il s'y trouve du contenu positif, au moins un grain d'espoir, et pourquoi il est si rare. Je peine à le trouver, vraiment. Il faut croire que j'en suis à un point où j'ai totalement perdu espoir en moi-même et en l'humanité. Ce qui est incroyable. Voilà un homme à terre, au plancher. Comment cette catastrophe a-t-elle pu se produire?

J'écoutais plus tôt de la musique en lisant, et j'avais la nausée. Je ne trouvais rien de bon. Ma pensée a comme chaviré d'un coup parce que j'avais de la misère à respirer et qu'après j'ai fait une grosse arythmie cardiaque. Tous les morceaux me rappelaient la mort, le temps qui passe, la douleur, l'infini... Rapidement, j'ai fermé la musique. Je n'arrivais plus à rien faire. Ce que je lisais parlais d'infini, et l'infini me donne des vertiges, et la nausée. L'infini me fait capoter, me fait sauter le cerveau. Je soupçonne mon esprit d'agir fortement sur mes émotions et mon corps.

Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé, car c'est trop rapide. Je sais cependant que cela part de mon esprit, qui m'attaque, on dirait. J'ai eu soudainement comme une surdose de ce négatif toxique infernal qu'on nous sert, entre autres, quotidiennement aux nouvelles, comme si ce devait être notre alimentation quotidienne normale.

Le problème c'est aussi, et peut-être surtout, la façon dont j'envisage certaines idées, certaines choses. Comme disaient les stoïciens, ce ne sont pas les choses, mais notre opinion sur les choses qui importent.

Effectivement, l'idée de l'infini n'est pas nuisible en soi pour ma santé. Mais si j'en fais un tourbillon infernal à l'image des actualités, oui, ça l'est. 

Je dois discipliner mon esprit, mes émotions et mon corps. Je dois former un centre positif inébranlable en moi-même et ne rien laisser l'attaquer. Lorsque ma pensée m'attaque, je dois comprendre que j'ai laissé le toxique entrer dans mon être. 

Je dois veiller à tout cela et être plus attentif à mes réactions. 

Un cardiologue m'avait dit pour mon coeur que tout part des émotions. Ça m'avait supris, car je croyais que ce n'était que de la physiologie. Mais la source première avant d'atteindre les émotions, c'est vraiment l'esprit et la façon dont je conçois la réalité.

Or actuellement, et effectivement, je n'ai aucune conception stable de la réalité... Je dois trouver des réponses. Je dois faire un effort supplémentaire pour trouver le vrai et développer ma certitude, car tout est là. Ce monde est en guerre dans les conceptions du monde. Je ne dois pas me laisser brasser par cette guerre, ce tourbillon nihilisant. Je dois m'ancrer plus que jamais dans du solide. 

Ce qui arrive en ce moment, c'est que mon esprit est court-circuité. Je laisse donc de côté ma pensée pour le moment, et j'entraîne mon corps vers la forme, la droiture et la santé. C'est une autre façon de commencer, et je sais que ça marche aussi. C'est ce que j'ai fait quand j'étais en dépression. Des fois, il suffit simplement d'aller au soleil pour chasser les nuages mentaux.

Le plus important, c'est que j'ai pris conscience de tout cela, et que je sais maintenant un peu mieux quoi faire et quoi ne pas faire. 

Je crois que je suis sur le bon chemin pour trouver la vérité. 

L'esprit est la bouche par où passe la nourriture de l'être. 


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