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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 7 avril 2017

Nietzsche était déjà fou en écrivant son Zarathoustra

Les phases de forme alternent cruellement avec les phases de démolition physique et intérieure, littéralement. Il faut dire que je ne suis pas encore tout à fait sorti du trou.

J'essaie de faire des lectures, mais pas facile d'être indulgent quand on souffre. Alors, oui, c'est plein de points d'interrogation et de notes dans les marges, dès les premières pages, et ça bloque presque la lecture.

Je lis Nietzsche, son Zarathoustra, et personnellement, aujourd'hui, après l'avoir pourtant longtemps admiré, je pense qu'il était déjà fou à cette époque.

On peut bien s'exciter avec Nietzsche sur le «dernier homme» (contraire du surhomme) et lui jeter notre mépris à la face, mais le problème, c'est que nous sommes tous plus ou moins des «derniers hommes» aujourd'hui. Et par dernier homme, il faut entendre, au sens de Nietzsche, des sous-hommes. Grave.

Aussi, le concept central de Nietzsche, le «Retour éternel du Même», tue tout son Zarathoustra. En effet, que sert-il de «vouloir» si tout doit nécessairement revenir tel quel? On ne peut vouloir quelque chose de nécessaire, donc on ne s'échappe pas du «serpent noir». Toute volonté courageuse se brise sur ce concept farfelu, et par-dessus le marché, emprunté. Pour que Nietzsche n'ait pas vu ça, il faut supposer qu'il était déjà fou à cette époque.

«L'homme ne doit pas chercher avant tout à se conserver, mais à se dépasser», bien d'accord, mais qu'est-ce que ça veut dire? Se dépasser comment? dans quoi? à quelle fin? Il semble premièrement, selon toute vraisemblance, que le dépassement ne soit réservé qu'à une «élite», aux «grands hommes», aux «génies». Nietzsche avait le sens du grand, par rapport à la petitesse méprisable des gens de ville, ceux à qui nous ressemblons plutôt finalement. Ce délire de grandeur a peut-être été causé par une trop grande écoute de Wagner...

Je semble mépriser Nietzsche? Oui et non. Il veut réhabiliter la volupté, l'ambition de dominer, l'égoïsme, la rivalité, la guerre, etc. N'est-ce pas vouloir le retour à un monde ancien?

En effet, prenons un seul de ces facteurs: vouloir la guerre, n'est-ce pas vouloir la fin de l'humanité aujourd'hui? Nous avons des bombes nucléaires; il n'y en avait pas au temps de Nietzsche: sa compréhension du monde ne peut pas être la même que celle que nous avons aujourd'hui. L'optique de Nietzsche est donc étrangement déviée, invalide, inapplicable: on ne peut plus faire un retour en arrière à ce niveau. Vouloir la guerre et des vertus guerrières, et les encourager, aujourd'hui, c'est vouloir notre suicide. Donc, tout ce pan-là de Nietzsche est à éliminer, mais au final, c'est aussi toute la construction qui tombe, car le concept du Retour éternel vient fissurer tout le reste.

Bref, je poursuis ma lecture, et ma démolition de Nietzsche, en grand style.

2 commentaires:

  1. Nietzsche n'est valable qu'en tant qu'esthète. C'est un philosophe plutôt pitoyable probablement sous l'influence inconsciente des preachers protestants. L'ensemble de la philosophie occidentale est pitoyable à mon sens. Les seuls qui s'en sortent sont les stoïciens, parce qu'ils imitaient un tant soit peu les bouddhistes et les animistes. J'ai étudié en philosophie et j'ai souvent eu l'impression de m'abandonner à des jeux de mots sur la chaise qui n'est pas la même chaise pour tout le monde parce que la chaise en soi n'est pas la chaise que voit l'homme assis sur sa chaise ou celui qui fabrique la chaise ou bien celui qui la regarde de travers, en haut, en bas, sur le côté...

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  2. Je viens de lire quelque chose à propos des stoïciens, ça disait que le stoïcisme est une philosophie pour millionnaires: j'ai trouvé que ce ne devait pas être tout à fait faux, puisque après tout, Sénèque était multi-milliardaire. Mais il y a apparemment deux sortes de stoïcisme, à ne pas confondre: un de vrais pauvres, et un de faux pauvres. :)

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