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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

samedi 8 mai 2021

Le Journal intime d'Amiel

Un philosophe connu du Québec, André Moreau, m'a recommandé de lire Henri-Frédéric Amiel, alors que je lui parlais au téléphone. Il me dit qu'il avait lu deux fois son immense Journal de 17 000 pages! C'est beaucoup dire! Il m'a donc convaincu à ce moment-là de me pencher sur Amiel, qui était aussi un philosophe. 

J'ai essayé d'abord de trouver son Journal sur les sites de libraires connus, mais il n'y avait pas de fiche pour acheter son œuvre principale, comme pour Charles Fourier, un autre oublié de la littérature. J'ai trouvé gratuitement sur Internet un mélange de ses écrits en anglais, mais je n'ai jamais vraiment ouvert ces fichiers, car je trouvais dommage de commencer à lire cet auteur en anglais, alors que je savais qu'il avait écrit en français. De plus, je savais que des écrits obtenus gratuitement ne valent rien, car ils ne nous engagent pas. J'ai donc demandé à une Coop qu'on fasse une fiche sur leur site pour que je puisse acheter son Journal un peu moins cher, car ça tourne autour de 150$ le livre, et il y en a 12 je crois. Donc, ça fait de grosses dépenses, mais réparties au fil du temps, c'est moins pire.

J'ai donc reçu le livre tant attendu après plus de 2 mois d'attente. J'avais des appréhensions lorsque je l'avais commandé, j'avais peur d'être déçu, ou de tomber sur un livre à la reliure mauvaise et qui me tomberait dans les mains. Or, après la réception du livre, je dois admettre que l'achat en valait grandement la peine. Premièrement, la reliure et le papier sont de très grande qualité. Deuxièmement, le livre n'est pas trop gros, même s'il fait plus de 1000 pages, il se tient bien dans la main.

Troisièmement, j'ai trouvé un frère en Amiel. Il y en aurait trop long à dire sur toutes les similitudes et les intérêts communs entre lui et moi. Disons qu'Amiel se démarque de tous les autres auteurs intimistes de ma bibliothèque, même de Giacomo Leopardi. Le lire est un pur délice. J'arrive à comprendre tout ce qu'il dit et ressent, comme si j'étais lui

Amiel a écrit son Journal sa vie durant, depuis l'âge de 18 ans. J'avais moi-même l'intention d'écrire mon journal intime sur ce blogue, mais disons que la forme a changé au fil du temps. Comme Marshall McLuhan a déjà dit: The medium is the message, ou Le média est le message. C'est-à-dire que le message prend la forme que le média impose. Par exemple, on ne s'adressera pas à une personne de la même manière dans une lettre, qu'on le ferait au téléphone, ou dans un texto. Le médium «blogue» m'impose donc une certaine forme, et la forme d'un journal intimiste traditionnel ne s'accordait pas bien avec un blogue, j'ai donc opté pour des articles qui résument ma pensée et me font faire à la fois un travail de recherche et de rédaction, ce que j'adore.

Je tenais à tout dire dans mon blogue, mais je dois dire que cela est impossible, par manque de temps et d'intérêt. Je n'ai jamais compté sur la patience infinie du lecteur non plus, puisque je sais que les gens d'aujourd'hui n'ont plus le temps ni la volonté de lire. Ils se fatiguent et se découragent facilement dès qu'ils tombent sur une œuvre un peu longue ou difficile, et préfèrent souvent des résumés, ce qui dénote une difficulté à s'engager. Les gens ont autant de difficulté à s'engager dans une œuvre qu'ils ont de difficulté à s'engager en amour. On dirait que tout le monde est pris dans une fatigue générale causée par l'empressement continuel qu'ils doivent fournir dans tous les secteurs de la vie d'aujourd'hui. Ils ne prennent donc plus vraiment le temps de vivre et de jouir de la vie, la mode générale étant à la course aux biens matériels et au standing, pas au développement de la spiritualité. On verra plus tard ce que tout ça va vraiment nous coûter, car il coûte d'apprendre, mais pas autant. Il faut dire que je n'écris pas pour ceux-là non plus, mais je tiens quand même à être accessible, ne serait-ce que pour moi-même, au temps de me relire, car je suis pris moi aussi dans un tourbillon qui n'en finit plus.

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