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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 6 avril 2021

Faire, au lieu d'être fait

L'Encyclopédie est
le meilleur point
d'entrée dans la
philosophie de Hegel

Lorsque je lis mes livres de philosophie, j'apprends de nouvelles choses, je comprends de nouvelles choses. Mes livres sont à la philosophie, ce que les outils sont à la menuiserie. J'en ai besoin pour travailler. Oui, je peux travailler par moi-même jusqu'à un certain point, mais un seul homme ne peut pas tout penser, il a besoin à un moment donné de l'aide et des lumières que peuvent lui apporter d'autres esprits.

Ce que je lis crée en moi des pensées nouvelles. Et je me dis que je n'aurais pu parvenir à ces pensées sans avoir lu.

Les pensées des autres nous mettent sur un chemin de pensée.

Ce peut être un chemin qui ne mène nulle part, ou qui mène à une erreur.

Ce peut être aussi un chemin qui nous mène vers ce que nous pensions depuis longtemps, mais sans pouvoir le formuler.

Quoi qu'il en soit, c'est un long travail, difficile, et périlleux, qui demande beaucoup d'attention, de soin, d'application et de concentration.

Il est périlleux en ce qu'il nous fait sortir de la pensée conventionnelle.

Il est périlleux en ce qu'il nous fait remettre tout en question.

Il est périlleux en ce qu'il nous met en chemin pour commencer à penser réellement par soi-même.

Il est périlleux en ce qu'il nous rend libre.
En ce qu'il nous met face à notre périlleuse liberté.

C'est un long travail qui demande aussi de l'amour, et de la passion pour le vrai.

Rien n'est plus rare ni plus difficile que d'arriver à penser par soi-même.
Rien n'est plus rare qu'un homme vraiment libre.

La plupart des gens ne consacrent pas le temps qu'il faut pour approfondir la pensée conventionnelle et arriver ainsi à la dépasser, comme un athlète qui voudrait être champion sans pratiquer. Ils pensent donc toujours à l'intérieur de la pensée conventionnelle, comme d'une petite caverne.

Ils travaillent, ont de l'argent, un statut, mais ils ne sont jamais libres, leur vie durant.

Ils sont en mode «survie», et pendant qu'ils sont occupés à survivre, ils ne peuvent s'occuper de la pensée.

Pour cela, ils devraient abandonner toute considération matérielle. Car le matérialisme est l'anti-pensée par excellence. Penser libère l'homme, et tout ce qui va contre la pensée est à l'origine de la violence. Les livres sont la seule composante matérielle du chemin de pensée, mais ils ne sont pas une fin en soi, ils ne sont qu'un moyen pour parvenir au chemin de pensée. Ils servent en quelque sorte de substituts pour ceux et celles qu'on aurait pu rencontrer en personne, mais qui appartiennent souvent à d'autres époques.

En général, c'est le trop grand attachement aux biens matériels qui empêche les gens de se consacrer à l'immatériel, à l'intérieur des choses.

Leur vie durant, oui une vie empreinte de «labeur» et de «mérite», ils passent à côté de la vérité.

Ils passent à côté d'eux-mêmes.

Ils vivent pour des illusions.

Ils manquent leur vie.

Par manque de confiance en eux-mêmes, beaucoup préfèrent s'en remettre à quelqu'un d'autre pour guider leur vie, en fermant les yeux sur la possibilité que cette personne soit peut-être en train de leur mentir en pleine face et de les manipuler.

Si l'homme veut vivre véritablement, il doit tout laisser derrière lui et prendre le chemin de pensée.

Il a vécu trop longtemps avec des béquilles et doit apprendre graduellement à marcher par lui-même.

Il se peut au début qu'il remplace une béquille par une autre sorte de béquille.

S'il arrive à prendre conscience de cela, il est déjà en route sur le chemin de liberté.

Il commence à faire, au lieu d'être fait.

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