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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 29 mars 2017

Ma photo sur une pinte de lait

Recherché: retrouvé.

C'est ma conviction que les potentiels créatifs sont souvent dérangés, perturbés, instables, chaotiques. Ils ont quelque chose de fondamentalement pas normal à l'intérieur, qui les rend parfois détestables, incompréhensibles, irrationnels et autodestructeurs. Ils veulent faire les choses à leur façon, ils ont une sacrée tête de cochon, et cela peut les rendre aussi agressifs. On les pense obstinés, idiots, vaniteux, puisqu'ils osent s'opposer au groupe, mais ils ont quand même raison au bout du compte, et on les hait d'autant mieux pour ça.

Pour ma part, si je suis resté aussi longtemps loin de mon blog, c'est en raison d'une fatigue extrême, qui ne me permet de rien faire, à peine de lire. Donc, oui, beaucoup de temps précieux perdu dans une profonde et inutile léthargie inexplicable.

On peut bien faire son frais à dire qu'il faut écrire sa douleur dans ces temps-là, comme je le croyais moi-même auparavant, mais lorsque le trou dans lequel on est tombé est trop profond, aucune voix ne peut en sortir, et c'est aussi une preuve de sa profondeur. Il faut parler de sa douleur quand on peut encore en parler, c'est-à-dire, quand elle est encore superficielle, ou encore, en parler après être sorti du trou, et c'est là que ça devient vraiment intéressant...

Le risque quand on est amené au fond du trou, c'est d'y rester, et d'en mourir, ou de parvenir à remonter après un certain temps, avec certains dommages, stigmates, cicatrices douloureuses, et une baisse de vitalité générale, une désillusion, qui risquent à tout moment de nous replonger tête première dans le trou.

C'est mon cas présentement. Je sens à chaque instant que ma vie ne tient qu'à un fil, très mince.

Le printemps me redonne des forces, et va très probablement me sauver la vie.

Et c'est là qu'on comprend que sauver la vie, dans ce cas, c'est sauver le moral.

Quand j'ai bon moral, tout me semble possible.

Mais voilà que j'ai trouvé un ver au centre de mon bon moral...

Il est difficile à décrire, je ne sais pas si je pourrais trouver les mots pour le dire, mais ce ver est si perturbant qu'il en vient à détruire mon identité, à me transformer moi-même en chose laide et informe, comme du vomi puant.

Je sais que je ne suis pas ça, mais le virus qui me paralyse de l'intérieur m'empêche d'intervenir et de rétablir mon intégrité. Il fait cela en me coupant tellement mes énergies, que du petit ver qu'il était, il devient surpuissant, il devient légion, et je me retrouve écrasé, vaincu à jamais, fini.

Ce balafreur intérieur me semble donc permanent. C'est un tueur que j'ai en moi.

Il est moi, je suis lui...

Oui, en effet, je suis revenu de beaucoup de choses...

Va-t-il rester encore quelque chose de moi après tout ce ravage?

C'est ce qu'on va bientôt voir.

On va voir si je peux encore écrire.

3 commentaires:

  1. J'ai transmuté l'angoisse de la page blanche en exultation de la page noircie par mes rinçures. Je ne vaux pas mieux qu'un autre et je ne me comprends pas plus moi-même que je ne comprends les autres. La vie c'est de la merde. Mais il faut s'en servir comme d'un fumier pour croître par-delà toute quête de finalité, comme si nous avions tout à apprendre des plantes vertes...

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  2. Cela dit, je m'ennuyais de te lire. Bien sûr que ce n'est pas facile, mais pense un peu plus aux autres qui aiment te lire, égoïste!

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  3. Cet éloge de mon moi-même fait du bien, merci! Je sais que ça peut paraître plate, mais quand je suis à zéro intérieurement et extérieurement, que je suis dans la grande noirceur, et que c'est à ce moment justement qu'il faudrait tout écrire, je ne suis même pas capable d'écrire. Mais puisque je suis sorti du trou, semble-t-il, encore vivant et gigotant, je vais peut-être pouvoir en parler un peu.

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