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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 1 mars 2016

Smack my bitch up

Grisou miaulait pour jouer en faisant l'espiègle et gambadait, sautillait sur les draps du lit de Geneviève qui venait de se réveiller. Il poussait des cris un peu étouffés et devenait le dos rond comme si un chat étranger se trouvait devant lui, prêt à l'attaque, il défilait de côté sur la pointe des orteils, les oreilles vers l'arrière. Sa queue se gonflait, son poil se retroussait, elle riait toujours beaucoup lorsqu'elle assistait à ce petit spectacle matinal du chaton.

Geneviève s'en sortait depuis peu, elle suivait des cours, réorganisait sa vie, qui lui tendait la main et lui donnait une seconde chance; elle pourrait peut-être bientôt revoir sa fille, qu'elle n'avait pratiquement pas connue. La drogue avait tout emporté, tel un ouragan. Bien sûr, la transition était difficile, elle avait besoin d'un peu de temps pour tout arrêter, sinon, elle n'aurait presque pas d'argent. Elle se disait que c'était ses dernières doses, puis, qu'elle pourrait se joindre au programme de méthadone, ce qui lui éviterait de continuer à faire des clients, qui lui répugnait de plus en plus.

On sonne à la porte: le client qu'elle attendait. Le vendeur le suit de près, elle achète sa dose. Depuis peu, elle préférait faire son hit juste avant d'avoir une relation avec un client: cela lui évitait de penser à ce qu'elle faisait, et de sentir une queue qu'elle ne désirait pas entrer douloureusement en elle. Grisou étant trop excité par la présence d'un étranger, et la chambre ne possédant pas de porte mais que deux rideaux de séparation, elle devait le mettre temporairement dans la garde-robe, le temps de faire la passe.

Un autre entrepreneur de la construction en manque de cul, comme elle en voit tant dans Hochelaga. Les mains carrées et veineuses, il appuie légèrement sur la tête de Geneviève qui le suce sans capote. Elle enlève son haut pour lui montrer ses seins et l'exciter davantage. Sa queue est bien dure, le désir montant, et elle se prépare à enlever le reste, car l'entrepreneur paraît pressé de la fourrer. Elle retrousse sa minijupe et lui exhibe son cul, et en collant sa poitrine presque à plat sur le sleeping bag rouge qui lui servait de lit, ses lèvres s'entrouvrent pour laisser paraître la peau rosée et délicate de sa chatte.

Prêt à la monter sur-le-champ, elle met un condom dans sa bouche et le déroule sur son gland, se met en position et prend sa seringue déjà prête sur la petite table et fait son hit alors qu'il entre en elle sauvagement. La dose est si forte, qu'elle tombe inconsciente sur le coup. L'entrepreneur n'en tient pas compte, puisque ceux qui se piquent à l'héroïne ont toujours l'air de dormir après un hit. Son pubis claque toujours plus fort contre ses fesses, et il empoigne rudement ses hanches qu'il ramène vers lui, pour entrer de toute sa longueur en elle. Même si elle est inconsciente et qu'elle a de la difficulté à respirer, puisque sa bouche s'enfonce dans le sleeping bag, son corps frêle lui permet, grâce à la poigne de l'entrepreneur, de rester à quatre pattes et de continuer à subir les assauts renouvelés.

Les derniers coups viennent, puis il jouit bruyamment: c'est terminé. Il laisse tomber le corps inerte, enlève le condom qu'il flush dans la toilette, et claque la porte, après avoir repris son argent laissé sur la table. Grisou ronronne dans la garde-robe pour se rassurer. Les minutes passent, puis les heures et les jours, la chaleur est suffocante, la vie des gens normaux continue.

(Originalement publié le 6 août 2009)

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