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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 22 janvier 2016

La surveillance généralisée

Dans les années 90, je me souviens qu'on commençait à utiliser pas mal les caméras dans les dépanneurs, mais il y en avait une seule, et elle était à la caisse, pour filmer les voleurs.

Depuis ce temps, l'usage des caméras s'est multiplié: aujourd'hui nous avons dans tous les commerces un système de caméras presque équivalent aux systèmes de caméras des banques.

La différence, c'est que les caméras qui servaient autrefois à filmer les voleurs filment maintenant non seulement les voleurs potentiels, mais surtout les employés.

La surveillance s'est retournée contre nous, la population en général.

On surveille tout le monde.

J'ai pris conscience de cela lorsqu'un propriétaire d'entreprise m'a montré comment il surveillait ses employés à distance sur son cellulaire qui donne une vue sur l'ensemble de son commerce avec une dizaine de caméras web, toutes accessibles en même temps sur son écran.

C'est à ce moment que j'ai réalisé le retournement de la surveillance, ainsi que sa puissance et sa facilité. La vie privée en prend pour son rhume.

Il serait aussi facile pour ce propriétaire de cacher des caméras pour surveiller ou espionner encore davantage. Les gens qui se font surveiller ainsi n'ont aucune idée de la facilité avec laquelle on les espionne.

Ils sont potentiellement épiés dans leurs moindres gestes.

Même si personne n'est à l'autre bout pour surveiller sur les caméras ce que les employés font, les employés se comportent comme s'ils étaient surveillés en permanence.

C'est l'équivalent du Panopticon pensé par Bentham pour les prisons et que Foucault a analysé dans son livre «Surveiller et punir».

Sauf que le Panopticon est maintenant généralisé à la société entière.

Autrement dit, nous vivons, en société libre, dans un immense système de surveillance qui s'apparente à celui des prisons.

Nous vivons dans une prison sans barreaux...

L'Oppression est présente en tous lieux...

Nous sommes tous réifiés, aliénés, sans discrimination traités comme des choses...

Tous égaux en tant que riens devant notre nouveau dieu...

Nous sommes maintenant le jouet de la Technique planétaire...

C'est le totalitarisme consentant, logique même, et avec un sourire...

Le bon sens et la logique nous disent que nous n'avons pas le choix...

C'est ainsi que nous faisons aujourd'hui en toute légitimité ce qu'on trouvera complètement épouvantable dans quelques décennies... du moins, si les gens arrivent à se réveiller...

Tout le monde fait présentement de l'abus de surveillance...

Cette surveillance est justifiée par toutes sortes de raisons, le terrorisme en est une...

Mais ne voyez-vous pas plutôt qu'on utilise ce prétexte exagéré pour éliminer complètement la vie privée des gens et les soumettre à la surveillance totale de l'État et des compagnies?

Autrement dit, pour nous livrer comme des choses à Big Brother?

10 commentaires:

  1. J'ai connu un gars qui s'est amusé pendant un mois à montrer le doigt d'honneur ainsi que son postérieur devant les caméras de surveillance suite à leur installation sur son lieu de travail. Maintenant, il hausse les épaules et se dit en son for intérieur qu'ils peuvent bien tous se faire enculer ces salauds de fascistes.

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  2. @ Eremita - @ Gaetan -
    Merci Gaetan pour cet exemple qui montre qu ' on peut toujours avoir un peu d ' optimisme - Merci Eremita aussi pour ton texte qui montre bien que nous en sommes bien arrivés à Georges Orwell -
    L ' un avec l ' autre , nous trouverons bien le moyen de nous tirer de ce sinistre mauvais pas !
    Amitiés de France à toutes et tous ! ( et ici la situation est certainement aussi dramatique - ou + que chez vous - nous sommes au milieu , tout comme vous , du tourbillon capitaliste ! ) -

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  3. Si la face de ceux qui nous observent en secret apparaissait en direct sur un petit écran à côté de la caméra utilisée, ce serait déjà moins pire... L'observateur serait observé, ça éviterait les abus, et ça permettrait aux gens de prendre conscience à quel point ils étaient auparavant observés à leur insu...

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  4. Cela réhumaniserait à la fois l'observateur et l'environnement observé, peut-être même qu'il y aurait une socialisation entre les surveillants et ceux qui sont surveillés. En tous cas, ce serait une expérience intéressante à faire en psychologie.

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  5. Les gens prendraient conscience de leur environnement et de ce qu'ils font, et cela permettrait d'améliorer beaucoup de choses. Les personnes mêmes s'amélioreraient, enfin, je crois. Ou peut-être qu'à la longue tout retomberait dans la banalité et qu'une relation hostile s'installerait entre les surveillants et les surveillés, et que les caméras se feraient détruire quand les surveillants sont absents... qui sait?

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  6. Pour l'instant, grâce au prétexte diabolique «si tu n'as rien à cacher, etc.» nous sommes tous enfermés dans la même cage électronique que les prisonniers.

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  7. @Eremita -
    La parano est en route et je n ' en suis pas exempté -
    Mais la parano reste de la parano , et il faut la relativiser aussi -
    Big-brother n ' est pas encore verrouillé , nous avons encore des hackers avec nous et les réseaux sociaux fonctionnent encore - Il nous faut nous servir de toutes les opportunités - rester lucides -
    Et si par malheur Big-Brother prenait + de graine , il ne nous faudrait pas non-plus désespérer :
    aux plus noires heures de leurs dictatures ultra-violentes , les peuples d ' Amérique du Sud ont su se débarrasser de leurs tyrans , parfois au prix de leur vie ou de leur intégrité physique et mentale , mais y sont parvenu , pour eux-m^me et ceux et celles qu ' ils aimaient -
    Il nous faut certainement nous débarrasser de toutes ces horreurs !

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  8. Il est vrai que le hacking peut être une solution partielle et temporaire, et ce n'est pas ça qui manque non plus!

    Mais les hackers ne déferont pas la cage électronique au bout du compte. C'est comme croire qu'on peut battre la police... En tous cas, Mom s'est essayé... On sait où il est aujourd'hui.

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  9. Il ne s ' agit pas que de cage électronique , pas que de protections -
    Les hackers sont des chercheurs très très compétents -
    Ce sont par exemple , des sortes de hackers qui ont mis LINUX au point -
    Défendre est une chose , attaquer en est une autre -
    Les hackers ne sont pas des délinquants en fuite de la police ( encore que l ' utilisation d ' internet par Daesh voudrait bien nous le faire croire - ) .
    Nos hackers sont plutôt des guérilleros qui attendent leur heure , élaborent leurs armes internet , pour prendre et redistribuer le pouvoir qui leur semble juste -
    Nos hackers ne sont pas tout-puissants pour-autant ;
    il leur faut savoir et préciser ce pour quoi ils se battent -
    et pour celà la participation de tous et toutes est indispensable , autant la nôtre que la leur -

    ( au fait [ excuse mon ignorance ] c ' est qui , Mom ? )

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  10. @ Monde Indien: Maurice Boucher, alias Mom, est le chef québécois des Hell's Angels, un groupe de motards...

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