Pages

«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 12 août 2014

Nous avons perdu l'inspiration

Il est si difficile d'échapper au mainstream, parce que comme son nom le dit, il est «partout»... Lorsque je cherche de la musique à acheter maintenant, ça me prend toujours des heures. Avant ça me prenait pas mal de temps aussi, mais on dirait que ça me prend toujours plus de temps au fil des années. C'est parce qu'on vient qu'on a fait le tour, je crois.

Les choses qui autrefois étaient originales ne le sont plus une fois reproduites. Le problème c'est que de ces choses qui ont marché on en fait des recettes. Ainsi, Nirvana devient le courant grunge, et alors, on essaie d'imiter le groupe, mais ça tombe toujours dans une parodie de musique, sans jamais rien d'innovateur.

On ne se gêne plus pour suivre le courant en musique, comme en tout d'ailleurs. On a les vrais créateurs d'un côté, et on a les suiveurs de l'autre, qui sont inévitablement toujours plus nombreux et plus imposants, parce qu'il est difficile de créer du vrai neuf. Et comme d'habitude, c'est eux qui ont le pognon, et qui décident.

Par conséquent, dans le mainstream, on a les «créateurs», mais on a surtout la présence massive d'imitateurs ou de comédiens de la musique. Si j'ai mis le mot créateurs entre guillemets, c'est parce que quand on parle de mainstream aujourd'hui, on parle d'une grosse business qui ne vise pas avant tout l'originalité, mais la popularité. On va donc ainsi chercher à plaire au plus grand nombre pour générer des profits au moyen de «courants» (grunge, trance, death metal progressif, etc.) et non à promouvoir l'originalité, qui est toujours plus difficile d'approche de toute façon. On va en quelque sorte «guider» le consommateur vers ce qu'il, soi-disant, «aime».

L'efficacité de ce procédé devient vite une pétition de principe: le consommateur veut se conformer, mais il n'y connaît rien, il consomme donc ce que les autres consomment, par conséquent, il aime ce qu'il consomme, nous lui offrons donc alors vraiment les choses qu'il aime, etc. Si Budweiser est partout, et avec bonne conscience, c'est parce que les gens en général ne connaissent rien à la bière, pas parce qu'ils aiment vraiment cette bière: c'est pareil en musique comme pour tout le reste: la masse évince le vrai talent.

On peut voir aujourd'hui les groupes qui ont eu autrefois une certaine popularité devenir les imitateurs d'eux-mêmes: Metallica, Iron Maiden, Nine Inch Nails, etc. C'est aujourd'hui un procédé courant et inconsciemment accepté, parce que le consommateur formaté par l'industrie est frileux des changements. Dans tout ça, on ne se soucie jamais de plaire à l'oreille attentive, curieuse, intelligente, mais de plaire à un troupeau, à du bétail. C'est ainsi que nous sommes constitués en bétail aujourd'hui, par l'industrie de la musique, ou en général, par ce qu'Adorno appelait l'«industrie culturelle».

Mais cette expression devient elle aussi, facilement, une parodie chez les philosophes patentés... Parce que dès qu'on réussit à mettre un nom sur la chose, cela nous libère de la penser, et par conséquent, de la repenser.

2 commentaires: